Que représente réellement l’immigration en France ? Voici les principaux chiffres
Alors que les députés ont débattu lundi de la politique migratoire de la France, ce sera au tour mercredi des sénateurs de s’emparer de la question. Le point sur ce que représente ce phénomène en France.
Parler d’immigration en France, c’est accepter d’évoquer un sujet sensible qui a vite fait de déchaîner les passions et de véhiculer de fausses idées. Alors que le gouvernement a ouvert le débat lundi, force est de constater que bien des aspects de ce phénomène sont difficiles à évaluer. Mais des données chiffrées, vérifiées et indiscutables, sont régulièrement fournies par les services statistiques gouvernementaux, comme l’Insee. Le point sur les enseignements qu’elles mettent en évidence.
Combien d’immigrés en France ?
En France, selon une définition du Haut Conseil à l’Intégration, un immigré est une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France. Parmi les personnes recensées comme immigrées par l’Insee, certaines ont pu devenir françaises, les autres restant étrangères. Une personne continue à appartenir à la population immigrée même si elle devient française par acquisition.
Selon les derniers chiffres de l’Insee, publiés le 19 septembre dernier, 6,5 millions d’immigrés vivaient en France en 2018, soit 9,7% de la population totale (66,9 millions). 2,4 millions d’entre eux (37%) ont acquis la nationalité française. La population étrangère vivant en France (ensemble des « personnes qui résident en France et ne possèdent pas la nationalité française », selon l’Insee, NDLR) s’élève donc à 4,8 millions de personnes, soit 7,1% de la population totale.La rédaction vous conseille
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Combien de titres de séjour ?
En 2018, selon le ministère de l’Intérieur, la France a délivré 255 956 titres de séjour, soit 3,4% de plus qu’en 2017 (247 436). La majorité de ces titres de séjour a été accordée pour des raisons familiales (90 074). Viennent ensuite les étudiants (83 082) puis, loin derrière, les motifs humanitaires (33 981) et économiques (33 502). À noter que la délivrance de titres de séjour est en constante hausse depuis 2013, où le chiffre n’était que de 205 393. Par ailleurs, l’asile a été accordé en 2018 à 33 330 personnes (+4,3%), alors que 123 625 demandes ont été formulées (+22,7%).
Combien d’immigrés en situation irrégulière ?
Par définition, il est impossible d’obtenir un chiffre incontestable sur ce sujet car aucune étude ne permet de savoir combien de ressortissants étrangers se trouvent sur le territoire français en situation irrégulière. Toutefois, si l’on se fie aux données liées à l’Aide médicale d’État, qui permet un accès gratuit aux soins de santé pour les étrangers en situation irrégulière, le nombre de bénéficiaires était de 318 016 personnes au 31 décembre 2018. Le nombre réel est probablement plus élevé, beaucoup ne faisant pas appel à ce dispositif soumis à conditions.
D’où viennent les immigrés vivant en France ?
En 2018, 46,1% des immigrés vivant en France sont nés en Afrique. 33,5% sont nés en Europe. Les pays de naissance les plus fréquents des immigrés sont l’Algérie (13,0%), le Maroc (11,9%), le Portugal (9,2%), la Tunisie (4,4%), l’Italie (4,3%), la Turquie (3,8%) et l’Espagne (3,7%). La moitié des immigrés sont originaires d’un de ces sept pays (50,3%).
Quelle situation face à l’emploi ?
La proportion d’hommes occupant un emploi était la même parmi les immigrés et les non immigrés (69%) en 2018, selon l’Insee. Pour les femmes, le taux d’emploi est de 50% parmi les immigrées contre 64% parmi les non immigrées. La répartition des postes occupés par les immigrés et non immigrés est globalement semblable, cependant les immigrés occupent plus souvent que les non immigrés des postes d’ouvriers et moins souvent ceux de professions intermédiaires. Les immigrés rencontrent davantage de difficultés à trouver un emploi que les non immigrés. Le taux de chômage des immigrés est de 14% pour les hommes et 17% pour les femmes, alors qu’il s’élève à 8% parmi les non immigrés, hommes comme femmes.
Quelle évolution depuis 1946 ?
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, la population immigrée progresse en effectif et en pourcentage, rappelle l’Insee. Elle représentait 5% de la population totale en 1946, 7,4% en 1974 et 9,7% en 2018. Jusqu’au milieu des années 1970, l’immigration était essentiellement constituée d’hommes « comblant les besoins de main-d’œuvre nés de la reconstruction d’après-guerre puis de la période des Trente Glorieuses », souligne l’Insee. Puis le contexte économique dégradé, en 1974, a freiné ce phénomène, laissant une plus grande place à l’immigration familiale les années suivantes.
Comment se situe la France par rapport à ses voisins ?
8% des 512 millions d’habitants de l’UE sont des étrangers, soit 40 millions de personnes. C’est en Allemagne et au Royaume-Uni qu’ils sont les plus nombreux, avec respectivement 9,7 et 6,3 millions d’étrangers (12% et 9% de leur population). La France et l’Italie comptent 4,8 et 5,1 millions d’étrangers, soit 7,1% et 9% de leur population, dans la moyenne européenne.
Sources : sudouest.fr