Les autorités grecques ont commencé à évacuer vendredi le camp auto-géré par des bénévoles « Lesvos Solidarity-Pikpa » où vivaient des dizaines de personnes vulnérables, en majorité des femmes et des enfants. La gérante du camp dénonce une action « inhumaine ».
C’était un havre de paix et de stabilité sur une île devenue célèbre pour les conditions de vie déplorables des demandeurs d’asile. Le camp auto-géré « Lesvos Solidarity-Pikpa » a commencé à être évacué tôt dans la matinée, vendredi 30 octobre. Pour justifier leur action, les autorités ont dénoncé l’occupation illégale des lieux.
« Le terrain est public et a été occupé ces dernières années par l’ONG qui fonctionne sans aucun contrôle », selon un communiqué du ministère des Migrations publié jeudi. Ce dernier a demandé aux bénévoles de « coopérer ».
Un cordon policier a été formé autour du camp alors que les 74 personnes qui y étaient hébergées doivent été transférées dans un camp municipal près du port de Mytilène, chef-lieu de Lesbos.
Pour les bénévoles qui avaient créé en 2012 ce camp et pour Efi Latsoudi, la gérante du lieu, ce démantèlement est une « action inhumaine ».
« Nous n’avons pas été informés (…) nous avons demandé aux autorités un peu de temps pour informer les gens dont de nombreux enfants qui vivent ici depuis des mois ou des années », a déploré cette figure emblématique de l’aide humanitaire à Lesbos dans une vidéo publiée sur la page facebook de l’ONG.
Vendredi matin, l’évacuation des résidents du camp se déroulait sans que la presse, des interprètes ou l’équipe psycho-sociale du camp ne soient autorisés à entrer en contact avec les migrants, ont rapporté plusieurs associations et des journalistes sur les réseaux sociaux.
Depuis 2012, le camp bénévole et auto-géré de « Lesvos Solidarity-Pikpa » héberge personnes et familles vulnérables, handicapés ou femmes enceintes. Il a joué un rôle important durant la crise migratoire de 2015, Lesbos étant alors devenue la principale porte d’entrée en Europe de centaines de milliers de demandeurs d’asile. Pour son action, Efi Latsoudi a reçu en 2016 le prix Hansen décerné par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
Le gouvernement de droite de Kyriákos Mitsotákis a décidé, contre l’avis des ONG et de la population de Lesbos, de créer un camp fermé « d’ici l’été 2021 » pour remplacer celui de Moria. Selon le milieu associatif, la fermeture du camp de Solidarity Lesbos-Pikpa était réclamée par certaines autorités ou habitants de l’île, une manière de tolérer le nouveau camp fermé.
Sources : https://www.infomigrants.net/