Sept hommes originaires d’Afrique du Nord ont été retrouvés morts au Paraguay, le 23 octobre dernier, quatre mois après avoir quitté la Serbie dans l’espoir de rejoindre l’Italie, rapporte le journal The Guardian. Le container dans lequel ces migrants avaient grimpé avait été acheminé sur un bateau à travers l’océan Atlantique.
C’est un drame révélateur des risques encourus par les migrants qui cherchent à rejoindre l’Europe, à l’heure où les frontières se renforcent. En juillet, sept hommes, originaires d’Algérie, du Maroc et d’Egypte, grimpaient dans un container installé sur un train de marchandises dans la ville de Sid, en Serbie, pour rejoindre, pensaient-ils, Milan en Italie. Quatre mois plus tard, les restes de leurs corps, totalement décomposés, ont été retrouvés, le 23 octobre… au Paraguay, en Amérique du sud, comme le rapporte le journal britannique The Guardian.
Le container sur lequel ces migrants avaient jeté leur dévolu n’avaient en effet pas pris la route de l’Italie : il avait été chargé à bord d’un bateau en Croatie, puis était passé par l’Egypte, l’Espagne pour ensuite traverser tout l’océan Atlantique jusqu’à Asuncion, au Paraguay.
Les hommes, cachés dans un minuscule espace entre la cargaison et le toit du container, n’ont pas survécu à ce long périple. Lors de la découverte des corps, les enquêteurs avaient mis l’accent sur le peu de nourriture retrouvée dans le container, signe que les passagers pensaient s’embarquer pour un voyage relativement court. Des téléphones portables ainsi que des papiers d’identité ont aussi été retrouvés près des cadavres, dont la décomposition a été, selon les médecins légistes, accélérée par le fertilisant que transportait le container.
Deux hommes ont été arrêtés en Serbie dans le cadre de cette affaire. Ils sont soupçonnés d’avoir enfermé les sept hommes dans le container.
« J’ai pris tous ces risques en vain »
The Guardian a dévoilé les identités des victimes dans un article publié mercredi 18 novembre. Il s’agit de Ahmed Belmiloudi, Said Rachir, Rachid Sanhaji et Mohamed Hadoun, originaires du Maroc, Yessa Aymen, Egyptien, et des Algériens Zugar Hamza et Sid-Ahmed Ouherher. La mère de ce dernier est intervenue à la télévision algérienne pour demander le rapatriement des corps.
Ce genre de découverte serait peu fréquente, surtout après des trajets de si longue distance. Smail Maouch, un migrant algérien ami avec certains des sept hommes a indiqué au Guardian que d’autres incidents de ce genre s’étaient déjà produits avec des containers qui n’allaient pas dans la direction espérée. Généralement, après s’être rendus compte de leur erreur, les migrants concernés parviennent à donner l’alerte, a expliqué cet homme toujours présent à Sid.
Selon les autorités paraguayennes, contactées elles aussi par le Guardian, les hommes pourraient avoir suffoquer peu après leur entrée dans le compartiment métallique. Ce qui expliquerait qu’ils n’aient pas pu appeler à l’aide.
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En guise de dernier message, l’un des migrants défunts, Sidahmed Ouherher, avait écrit à sa famille alors qu’il se trouvait encore en Serbie. « Il y a des personnes qui ne sont pas gentilles du tout. Dieu, aide-moi. Dieu m’a aidé à trouver du wifi et j’ai pu vous appeler. Ils nous ont emmenés en Serbie. Ma tête va exploser. J’ai pris tous ces risques en vain », décrivait-il.
Selon plusieurs ONG serbes, de plus en plus de migrants se pressaient le long des frontières de la Serbie, au mois d’octobre, pour espérer rejoindre l’Union européenne. Face aux renforcements des contrôles aux frontières dans les Balkans et aux violences exercées contre ceux qui essaient de les franchir, les migrants sont parfois contraints à envisager des options plus dangereuses, telles que des traversées accrochés à des trains ou parqués dans des camions.
Sources : https://www.infomigrants.net/