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Canaries : désespérés, les migrants entre grèves de la faim et automutilation

Redoutant une expulsion et subissant des attaques racistes, des migrants bloqués sur l’archipel des Canaries ont ces derniers jours entamé des grèves de la faim pour réclamer leur transfert vers le continent. Au désespoir, d’autres s’automutilent.

Automutilation, tentatives de suicide, grèves de la faim… Dans l’archipel des Canaries, le désespoir des migrants arrivés du continent africain pour demander l’asile en Europe se fait de plus en plus concret. Selon le quotidien espagnol El Pais, un jeune Marocain s’est récemment infligé 27 coups de rasoir à la jambe après avoir appris que sa mère devait se faire opérer du foie alors qu’elle n’a pas les moyens de se payer une telle opération. Un autre s’est entaillé le ventre. Un troisième a tenté de sauter du haut d’un bâtiment avant d’en être empêché.

Ces actes désespérés n’apparaissent plus si marginaux dans l’archipel tant la situation est compliquée sur place pour les demandeurs d’asile. En raison du Covid-19, les transferts vers le continent, qui concernent uniquement les personnes considérées comme vulnérables, sont rarissimes. Les migrants, arrivés en nombre écrasant ces derniers mois, n’ont d’autres options que s’entasser dans des hébergements réquisitionnés à la hâte par les autorités : hôtels en mal de touristes, baraques militaires, campements sommaires où la pluie et la boue entrent dans les tentes. Laissés dans l’incertitude, beaucoup craignent une expulsion.

>> A (re)lire : « Les jeunes qui arrivent sont sans passeport, sans papiers et certains sont bloqués ici »

« Nous souffrons beaucoup de la pression psychologique ici », a témoigné Aziz Bouabid, un Marocain, à El Pais, comparant sa situation à une détention d’une durée indéterminée. « Un prisonnier sait au moins combien de temps sa peine va durer. Moi, je ne sais pas quand je partirai des Canaries et, pendant ce temps-là, mes enfants attendent que je leur envoie de l’argent. »

« L’Europe ou la mort »

Dans ce contexte, des manifestations de migrants ont eu lieu la semaine dernière, notamment à Grande Canarie. Réclamant un transfert vers le continent, certains ont brandi des pancartes indiquant « L’Europe ou la mort ». Samedi 6 février, environ 450 Marocains logés dans un campement installé dans une école fermée ont par ailleurs annoncé entamer une grève de la faim. Ils sollicitent l’aide de leurs autorités consulaires pour accélérer les procédures.

Quelques jours auparavant, d’autres exilés hébergés dans un centre militaire avaient protesté de la même manière contre leurs conditions de vie dénonçant notamment le manque d’eau chaude. Le centre en question a depuis été inondé suite à des intempéries, faisant déborder les égouts.

Au-delà de ces conditions de vie, les tensions entre migrants et locaux sont extrêmement vives sur l’archipel. En plus des manifestations anti-migrants observées ces derniers mois, une recrudescence d’attaques racistes – des menaces et des violences physiques envers des exilés – ont récemment eu lieu dans plusieurs localités, ajoutant à l’angoisse des migrants.

>> À (re)lire : Aux Canaries, les violences contre les migrants se multiplient

Pour gérer l’afflux de migrants – plus de 20 000 arrivées ont été recensées sur l’archipel en 2020 -, les autorités espagnoles ont lancé un plan d’urgence visant à créer 7 000 places d’hébergement temporaires aux Canaries. Le ministre de l’Intérieur, lui, a annoncé vouloir augmenter le nombre d’expulsions. Selon El Pais, un avion devrait partir pour le Sénégal ce mois-ci.

Sources : https://www.infomigrants.net/

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