Pour stopper d’éventuelles arrivées d’exilés en provenance d’Afghanistan, la Grèce a construit un mur de 40 kilomètres le long de sa frontière avec la Turquie. La nouvelle barrière vient compléter un arsenal anti-migrants déjà conséquent.
Alors que la présidente de la Commission Européenne Ursula Von Der Leyen exhortait la semaine dernière les pays membres de l’Union européenne à accueillir des réfugiés d’Afghanistan, la Grèce, elle, se barricade. Vendredi, le gouvernement a annoncé avoir achevé la construction d’un mur de 40 kilomètres, le long de sa frontière terrestre avec la Turquie.
Celui-ci vient prolonger une barrière de près de 12 kilomètres déjà érigée entre les deux pays en 2016. Un système de surveillance électronique et le recrutement de 1 200 gardes-frontière supplémentaires sur terre et en mer Egée complètent le dispositif anti-migrants.
Et d’après le journal en ligne grec in.gr, cité par France culture, des drones, des sous-marins télécommandés, et des ballons dirigeables seront aussi utilisés pour compliquer, encore davantage, le passage entre la Turquie et la Grèce.
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Un arsenal destiné à contrer d’éventuelles arrivées massives d’exilés afghans, poussés à quitter leur pays par la prise de pouvoir des Taliban. Pour le ministre grec de la Protection des citoyens, Michalis Chrisochoidis, il s’agit de « ne pas voir se répéter les scènes qui s’étaient déroulées il y a six ans », lorsque des dizaines de milliers de demandeurs d’asiles syriens étaient arrivés dans le pays, s’est-t-il justifié au Guardian.
À l’époque, environ 60 000 exilés étaient restés en Grèce tandis que d’autres avaient pris la route vers le nord. « Nous ne pouvons pas attendre passivement de voir ce qui va arriver. Nos frontières doivent rester sûres et inviolables », a-t-il martelé.
La Grèce « ne sera pas une porte d’entrée vers l’Europe »
Pour illustrer son propos, le ministre s’est rendu, entouré de plusieurs médias et de caméras, dans la région de Thrace, à la frontière avec la Turquie, et dans la localité d’Evros. Des images, tournées par le site d’info local Thraki Online, le montre près d’une imposante clôture de métal bleu. On y voit Michalis Chrisochoidis empoigner les barrières, comme pour mieux s’assurer de leur solidité.
Déjà la semaine dernière, le ministre des Migrations, Notis Mitarachi, avait prévenu : « Notre pays ne sera pas une porte d’entrée vers l’Europe pour les migrants afghans illégaux ».
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La réaction grecque est identique à celle de son voisin turc, qui compte accélérer la construction d’un mur de trois mètres de haut et de 295 kilomètres de long à la frontière avec l’Iran, autre porte de passage des exilés afghans. Quelque 156 kilomètres ont déjà été érigés et les patrouilles ont été renforcées, ont indiqué des responsables à l’AFP.
Doublé de barbelés et de fossés, il sera jalonné de radars, et d’une centaine de tours d’observation. Des mesures là aussi destinées à endiguer le risque d’une vague migratoire qui, d’après le chef de l’État turc Recep Tayyip Erdogan, poserait un « sérieux challenge pour tout le monde ».
source : https://www.infomigrants.net/fr