L’enquête concernant les 27 personnes mortes le 24 novembre dans la Manche a finalement été confiée à des juges d’instruction parisiens, de la juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée. Ceux-ci vont devoir éclaircir les circonstances de ce drame qui sont encore floues.
Les enquêteurs vont devoir répondre à plusieurs questions. Tout d’abord, combien de personnes étaient à bord du bateau pneumatique cette nuit-là. Si 27 corps ont été repêchés, seuls deux hommes – un Kurde irakien et un Soudanais – avaient pu être secourus. Mais, selon l’un de ces survivants, avant de prendre la mer, les passeurs avaient compté 33 passagers sur la plage.
Qui sont les passeurs ?
Autre interrogation : qui sont les passeurs ? Juste après le drame, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, avait annoncé l’arrestation de cinq personnes. Mais elles n’avaient – en réalité – aucun lien avec ce naufrage.
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Enfin, la justice va devoir déterminer si les migrants ont appelé à l’aide quand leur embarcation de fortune a commencé à se dégonfler et à couler. Selon les deux rescapés interrogés, notamment par une chaîne kurde irakienne, ils ont passé des coups de fil aux autorités françaises et anglaises qui auraient refusé de venir les chercher.
Des deux côtés de la Manche, on dément : « Le centre opérationnel de surveillance et de sauvetage, le Cross, n’a eu connaissance de la situation que lors de l’appel passé par un pêcheur en milieu de journée », avait affirmé la préfecture maritime de la Manche. La ministère britannique des Affaires étrangères avait qualifié ces allégations de « complètement fausses ».
Ce drame a suscité un vif émoi en Europe et relancé les tensions entre la Paris et Londres.
Parmi les victimes désormais toutes identifiées, on compte seize Kurdes d’Irak, un Kurde d’Iran, quatre Afghans, trois Éthiopiens, une Somalienne, un Égyptien et un Vietnamien. Sept femmes, un adolescent de 16 ans et une enfant de 7 ans font également partie des morts.
Selon l’enquête, les migrants seraient partis à bord d’un bateau pneumatique « en fin de nuit » de Loon-Plage, près de Grande-Synthe (Nord), où campent de nombreux exilés sur le littoral.
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Source: https://www.infomigrants.net/