Nice : quatre exilés condamnés pour « agression », des villageois inculpés pour « représailles »
Trois ressortissants Nigérians et un Centrafricain ont été reconnus coupables, vendredi 17 décembre, d’avoir agressé à l’arme blanche un habitant de Contes, près de Nice. Ce dernier a quant à lui été condamné pour « violences et dégradations » en représailles, de même que deux complices. L’avocat des exilés a fait appel.
Quatre migrants ont été condamnés, vendredi 17 décembre, à de la prison ferme pour « agression » d’un habitant du village de Contes, près de Nice. Cet habitant, ainsi que deux de ses complices, ont été condamnés à leur tour pour avoir commis des « représailles » violentes, rapporte l’AFP, qui a consulté le jugement lundi.
L’affaire remonte à juin 2019. Elle concerne trois ressortissants nigérians et un ressortissant centrafricain. Elle se joue non loin de la vallée de la Roya, à la frontière franco-italienne, berceau de Cédric Herrou, l’infatigable défenseur des migrants.
Le tribunal correctionnel de Nice a reconnu coupable d’une agression à l’arme blanche les quatre exilés. Les trois Nigérians ont été condamnés à un an de prison ferme, contre six mois ferme pour l’exilé centrafricain. L’un des Nigérians a été incarcéré à l’issue de l’audience. Les trois autres prévenus étant absents, des mandats d’arrêt ont été lancés à leur encontre.
L’avocat des quatre exilés a fait appel du jugement.
Trois habitants condamnés pour « violences et dégradations » en représailles
L’habitant initialement agressé a lui aussi été condamné, avec deux complices, pour « représailles », explique l’AFP. Trois nuits durant, les trois villageois ont détruit le véhicule et lancé des projectiles sur l’appartement de l’hébergeur solidaire des quatre migrants. Cet homme, locataire d’un appartement, était militant de Roya Citoyenne, association solidaire des exilés bien connue dans les Alpes-Maritimes. Cette agression lui a valu un traumatisme crânien et une hospitalisation aux urgences.
Des injures à caractère raciste ont aussi été proférées lors de ces représailles, selon l’enquête. Selon les voisins, les habitants déchainés avaient déclaré devant la fenêtre du militant : « Pourquoi héberger tous ces Noirs chez toi ? » ou encore : « On va vous brûler sales négros ! ».
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« En France, au XXIe siècle, on ne saurait accepter ce type de vengeance », a soutenu le procureur. Les trois villageois se sont donc rendus coupables de « violences et dégradations », selon le tribunal correctionnel. Le premier a été condamné à 18 mois de prison dont 12 avec sursis ; les deux autres à six et huit mois de prison ferme. Tous bénéficieront, contrairement aux exilés, d’un aménagement de peine sous forme de bracelet électronique.
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Source: https://www.infomigrants.net/