La websérie « 7 rue du rendez-vous » se veut une fiction d’apprentissage de la langue française et des codes culturels. Les scénaristes Catherine Hertault et Flavien Rochette, à l’origine du projet, ont pensé le programme pour aider les étrangers à mieux maîtriser le français à travers le divertissement. Les premiers épisodes de la série seront diffusés sur Youtube à la fin du mois de janvier.
Une websérie conçue pour aider les étrangers dans leur apprentissage de la langue française. Tel est l’objectif du programme « 7 rue du rendez-vous », réalisé par Emmanuelle Dubergey et diffusé à partir de fin janvier sur Internet. À travers quatre épisodes de 10 minutes, les scénaristes Flavien Rochette et Catherine Hertault ont voulu développer une « méthode ludopédagogique » pour faire apprendre le français, en se servant de ses propres expériences. D’autres épisodes devraient voir le jour prochainement.
« J’ai toujours eu beaucoup de mal avec les langues étrangères. J’essaye de m’entraîner en anglais en regardant des fictions. Je me suis dit que ce serait bien de faire la même chose pour ceux qui souhaitent améliorer leur français », explique Catherine Hertault.
« Mieux appréhender la langue et les codes culturels »
La série met en scène plusieurs personnages vivant dans le même immeuble qui éprouvent quelques difficultés avec le français. On retrouve ainsi Albertine, une soixante-huitarde, qui ne comprend pas toujours ses interlocuteurs et leur demande de répéter leur phrase; ou Juan, un hispanophone qui écorche certains mots; ou encore Justine qui accueille chez elle une étudiante africaine.
Les comédiens jouent avec la langue et utilisent régulièrement des synonymes ou des expressions différentes pour mieux se faire comprendre. « Je ne suis pas une délatrice, ni une rapporteuse. La langue française est très riche pour désigner une balance », lance Justine à son propriétaire, qui cherche à connaître les personnes qui « squattent » son deuxième appartement, situé quelques étages plus bas.
Plusieurs thèmes sont abordés dans la série : l’homosexualité, les relations entre les hommes et les femmes, la contraception… « Le but est de faire réfléchir les apprenants et d’aiguiser leur discernement. Cette fiction d’apprentissage met en avant des situations pour mieux appréhender nos codes culturels, et aident les téléspectateurs à mieux comprendre la langue », précise Catherine Hertault. Des phrases de films cultes ont aussi été glissés dans chaque épisode.
« Une façon habile de parler de sujets intimes »
Des programmes additionnels ont également été développés, comme les vidéos « Pas en préfecture », réalisées par Géraud Pineau. Diffusées sur Youtube fin décembre, elles se présentent sous forme de scénettes dans un décor qui rappelle celui d’une préfecture. Pendant une minute, les comédiens utilisent des expressions du langage familier et les traduisent dans le langage courant et soutenu. « Avoir le seum », « être au bout de sa vie », « se casser », « cacher son jeu » sont autant de formules utilisées dans la vie de tous les jours qui peuvent laisser les étrangers dubitatifs. « Ça fonctionne un peu comme un dictionnaire vivant », estime sa créatrice Catherine Hertault.
Certains comédiens sont issus de l’atelier des artistes en exil. Ouvert en 2017, le lieu associatif accompagne une centaine d’artistes ayant fui leur pays.https://www.youtube.com/embed/CUaGJ7f-2xs
Pour mener à bien son projet et toucher au plus près les étrangers, la scénariste a travaillé avec une consultante FLE (Français langue étrangères). Elle espère que la websérie et les programmes additionnels seront utilisés par les associations qui donnent des cours de français. Car pour elle, c’est aussi « une façon habile de parler de sujets intimes ».
Avec cette série, Catherine Hertault a voulu mettre son métier « au service de l’intérêt général ». « Je pense que les artistes doivent s’impliquer davantage dans certains domaines. C’est bien de dénoncer des situations, mais ce n’est plus suffisant. C’est facile de critiquer mais c’est plus compliqué d’apporter des solutions et créer des chemins de lumière. J’ai donc eu envie de mettre les mains dans le cambouis. » Une autre expression, qui sera peut-être bientôt à l’honneur dans « Pas en préfecture ».
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Source: https://www.infomigrants.net