Vingt-quatre corps rejetés sur les côtes tunisiennes suite à des naufrages fin avril
Ils étaient portés disparus depuis plusieurs semaines. Les corps de ces 24 migrants, rejetés par la mer, ont finalement été découverts par les autorités tunisiennes sur les côtes du centre-est de la Tunisie. Les dépouilles ont été transférées à la la morgue de Sfax, saturée de cadavres.
Comme des milliers d’autres exilés qui s’engagent chaque année sur cette route, ils avaient pris la Méditerranée pour une vie meilleure en Europe. Fin avril, 24 personnes sont mortes dans le naufrage de leurs embarcations au large des côtes du centre-est de la Tunisie. Leurs corps ont été rejetés par la mer, fin avril.
Ces personnes, dont des femmes et des enfants, avaient pris place à bord de quatre canots distincts depuis les côtes de la région de Sfax. Tous ont chaviré au large, du 22 au 30 avril. Les 24 victimes ont dans un premier temps été portées disparues, tandis que 97 autres personnes avaient été secourues, a précisé à l’AFP le porte-parole du tribunal de Sfax, Mourad Turki.
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Désormais retrouvés, les corps des exilés ont été transférés à la morgue de l’hôpital régional de Sfax, débordée. Ces derniers mois, l’établissement a reçu 92 corps de migrants morts en mer, tous originaires d’Afrique subsaharienne. Faute de place, une quarantaine d’entre eux « sont entassés sur le sol », a déploré Mourad Turki. D’après lui, la morgue n’est plus capable d’accueillir de nouveaux cadavres, car « il n’y a plus de place » dans le cimetière destiné aux migrants de la région.
Des tombes sans noms
La Tunisie peine depuis des années à enterrer les dépouilles des exilés morts noyés. Car la majorité des municipalités du pays refuse de prendre en charge les dépouilles de migrants. Plus au sud, la ville de Zarzis accepte, elle, de le faire. La commune compte aujourd’hui deux cimetières d’exilés, dans lesquels s’était rendu InfoMigrants en novembre 2021. Ils comptent à eux deux près de 1 000 corps. Mais à cause des naufrages réguliers dans la région et ailleurs dans le pays, ils arrivent aujourd’hui à saturation.
L’un des deux, le cimetière des inconnus, est situé sur une ancienne décharge éloignée du centre-ville. Sur les petits panneaux devant les corps enterrés, seule la date de la mise en bière est mentionnée. Faute d’informations, les noms des cadavres ne sont pas inscrits, à l’exception d’une tombe, celle de Rose-Marie, une femme originaire du Nigéria.
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Un autre cimetière, un peu plus loin a quant à lui été créé par l’artiste algérien Rachid Kouraïchi. Dans le « Jardin d’Afrique« , les tombes sont peintes en blanc, et sont posées de part et d’autre d’allées en céramique. En novembre, 500 cadavres y avaient été enterrés, dont ceux d’enfants, pour une capacité maximum de 800 places. Au vu des nombreux drames en mer que connait la région, il pourrait rapidement l’atteindre.
Depuis le début de l’année, nombre de canots de migrants, partis de Tunisie ou de Libye, ont coulé au large des côtes. Le 8 avril, 13 personnes – dont six d’enfants – sont mortes dans le naufrage de deux embarcations près de Sfax. Tous les occupants étaient originaires d’Afrique subsaharienne, avaient précisé les autorités tunisiennes.
En mars, en trois jours, près de 25 cadavres avaient été rejetés par la mer au large du Cap Bon, dans le nord-est de la Tunisie. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), il s’agissant de ressortissants tunisiens et syriens.
La mer Méditerranée reste la route migratoire la plus meurtrière au monde. Près de 2 000 migrants ont été portés disparus ou sont morts noyés en Méditerranée l’an passé, contre 1 401 en 2020, selon l’OIM.