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Dans le nord-est de Paris, les migrants confrontés à un éternel retour à la rue

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Moins d’un mois après l’évacuation du « camp du Cheval noir », Shafiq, Talib Hussain, Reda et Douaa, sont revenus dormir non loin de la porte de Pantin, dans le nord-est parisien. Aucun d’eux n’a été pris en charge, ni relogés lors de la « mise à l’abri » des autorités. Ils vivent à nouveau dans des tentes, sur un terrain qui n’est doté d’aucun équipements sanitaires. Comme environ 80 autres personnes, ils tentent de survivre dans cet énième camp informel aux portes de la capitale.

Cela fait un mois que Shafiq vit sur ce terrain vague de la porte de Pantin, à Paris. L’incessant ballet des voitures de l’avenue qui le borde, et celles qui passent sur le périphérique, en hauteur, l’empêchent de dormir. « Je ne ferme les yeux qu’à partir de 2h du matin, lorsque la circulation est plus calme. Et puis, tôt le matin, c’est reparti », explique-t-il, les traits tirés.

Comme lui, près de 80 personnes survivent dans ce camp informel monté à même la terre, et parmi les rats qui se cachent dans la végétation. La moitié d’entre elles, des Afghans, sont des exilés évacués de l’ancien « camp du Cheval noir » situé à quelques centaines de mètres de là, à Pantin, et collé à l’hôtel du même nom, démantelé le 11 mai dernier.

Près de la moitié des occupants du camp sont originaires d'Afghanistan. Crédit : InfoMigrants
Près de la moitié des occupants du camp sont originaires d’Afghanistan. Crédit : InfoMigrants

Ce jour-là, les autorités avaient procédé à l’évacuation d’environ 500 migrants, pour être « mis à l’abri ». Le soulagement d’une prise en charge avait pourtant rapidement laissé place à l’inquiétude. Une quarantaine de personnes, faute de lits suffisants dans les lieux d’accueil, avait été dispersée par la police et sommée de quitter le quartier.

D’autres, en raison de leur statut administratif avaient été remis à la rue le jour-même. À l’instar des « dublinés », dont la demande d’asile dépend du premier pays d’arrivée en Europe, et qui ne peuvent prétendre à un hébergement en France pendant au moins 18 mois.

Comme Shafiq. Après le démantèlement du « Cheval noir », le jeune homme de 29 ans s’est retrouvé, comme depuis son arrivée en France il y a quatre ans, dehors. « Je suis sous procédure Dublin alors l’hébergement m’a été refusé. Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement ne nous aide pas. On veut juste avoir une vie normale, en sécurité. Est-ce qu’à leurs yeux nous ne sommes pas des êtres humains comme les autres ? »

Son compatriote, Talib Hussain, lui, a été transféré à Limoges (dans le sud-ouest) après le démantèlement. Il y a passé une semaine avant de retourner à la rue. Pour ne pas se sentir seul, il a préféré revenir à Paris, où il s’est fait des amis. Également sous procédure Dublin, cet Afghan de 41 ans dort « sous les ponts » depuis fin 2019, année de son arrivée en France. Après des centaines de nuits dehors, dans des conditions déplorables, ses genoux le font aujourd’hui « terriblement souffrir ». « Je ne comprends pas, être ‘dubliné’, ce n’est pas un crime ! s’emporte-t-il. Et pourtant, j’ai l’impression de vivre comme un fugitif ».

Le camp, « au moins pour dormir la nuit »

Les exilés afghans sous règlement Dublin ne sont pas les seuls à occuper le camp, sur lequel était installé il y a encore un mois un seul ressortissant érythréen, dans une cabane de fortune. Depuis, « un petit groupe de Soudanais est venu, quelques compatriotes et des Éthiopiens », affirme Nicolas Laureau, du collectif Pantin Solidaire. Tous les jours, « la police vient compter les occupants ». Mais pour le moment « aucune évacuation éventuelle n’a été notifiée aux exilés ».

Un répit bienvenu pour Ahmed, qui déguste accoudé à une souche d’arbre, une petite portion de semoule accompagnée de poulet. Le jeune homme de 29 ans a quitté Al-Qadarif, au sud-est du Soudan, en 2021 pour des raisons politiques. Après un passage par le Tchad, de difficiles semaines en Libye, une traversée périlleuse de la Méditerranée et un périple depuis l’île italienne de Lampedusa, Ahmed s’est retrouvé en France… dans la rue. Il a entendu parler du camp il y a quelques jours par une connaissance, et s’y est « précipité ». « Au moins pour dormir la nuit », et ne pas rester seul dans la capitale.

Reda vit dans le camp avec ses parents, son frère et ses deux petites soeurs. Crédit : InfoMigrants
Reda vit dans le camp avec ses parents, son frère et ses deux petites soeurs. Crédit : InfoMigrants

Un peu plus loin, Reda est trop concentré sur son téléphone pour aller chercher le repas distribué par une association ce soir-là. Pour tromper l’ennui, il passe des heures à jouer sur une application. La journée, il prend le métro et le RER pour rejoindre son lycée, en banlieue parisienne. Là-bas, personne hormis l’assistante sociale n’est au courant de sa situation. Pas même ses amis. « D’abord je leur ai dit que j’habitais à Pantin. Ensuite, que j’avais déménagé plus près de Paris. Mais c’est tout », souffle ce Marocain de 17 ans en relevant une grande mèche noire qui cache son front.

« Je n’arrive pas à comprendre pourquoi on nous traite comme ça »

Arrivé en France depuis le Maroc il y a trois ans, Reda vit dans le camp avec ses parents et ses trois frères et sœurs, qu’InfoMigrants avait rencontrés à Pantin, au « Cheval noir ». Le lycéen est peu bavard quand il s’agit d’évoquer ses conditions de vie ici, dans le nouveau camp. « Je préfère ne pas trop penser à tout ça. Je me concentre sur mes études. Pour le reste … ».

Depuis une semaine et jusqu’à la fin de mois, il est en stage dans les bureaux d’un garage. Ce travail lui plaît, mais il ne se projette pas pour autant dans l’avenir. Reda n’a pas de « métier de rêve ». Il veut « simplement travailler et gagner [sa] vie pour sortir de là ». Sa petite sœur, Douaa, s’efforce elle aussi d’être bonne élève. « Le collège, ça me fait un peu oublier le camp, confie-t-elle. Quand je vois tous ces gens, ici, du monde entier, ça me fait de la peine. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi on nous traite comme ça. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde ».

>> À (re)lire : Le « non-accueil » des mineurs isolés à la rue aggrave leurs troubles mentaux

Cet hiver, après que la famille a quitté l’hôtel dans lequel elle était hébergée par le 115, elle a trouvé refuge à la gare de Lyon, à Paris. Là-bas, un petit groupe de personnes de la Croix-Rouge distribuait des repas aux personnes dans la précarité. « Avec mes parents, mes frères et ma petite sœur de deux ans, on s’est approchés, soulagés et contents de pouvoir enfin manger quelque chose, raconte-t-elle, assise sur un grand matelas posé sur l’herbe. Avant de nous donner un panier, une personne de l’association nous a demandé de quel pays on venait. Quand on lui a dit qu’on était du Maroc, elle a repris le sac qu’elle nous avait tendu. Et nous a répondu : ‘Désolé, c’est uniquement pour les Ukrainiens‘. C’est un moment qui restera gravé dans ma tête. Jamais je n’aurais imaginé un jour voir mon père pleurer ».

Source : http://www.infomigrants.net

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