Au terme de 4 jours d’attente en mer, le navire humanitaire de Médecins sans frontières s’est finalement vu attribuer un port de débarquement en Italie. Les 314 exilés à bord, dont des enfants très jeunes, devraient fouler le sol de Tarante, dans le sud du pays, dans les heures à venir.
On peut facilement lire le soulagement sur les visages des 314 rescapés du Geo Barents. Sur une vidéo relayée par Médecins sans frontières, lundi soir sur Twitter, ce sont des clameurs et des cris de joie qui se font entendre sur le pont du navire humanitaire à l’annonce d’un débarquement imminent en Italie.
Après six sauvetages en mer Méditerranée, le Geo Barents attendait depuis plusieurs jours que l’Europe daigne lui attribuer un port. Lundi 11 juillet, dans la soirée, l’Italie a finalement donné son feu vert. C’est le port de Tarante, dans le sud du pays, qui accueillera les migrants, dont 72 mineurs et un bébé de trois mois.
En revanche, les rescapés – originaires de Syrie, d’Égypte, du Pakistan, du Bangladesh, et d’autres encore d’Afrique subsaharienne – devront encore s’armer de patience, le port de Tarante se trouvant à plusieurs heures de route de la position (lundi soir) du Geo Barents.
Inaction et mutisme de Malte
Tous avaient été secourus la semaine dernière dans les eaux maltaises, loin des côtes libyennes. « Les garde-côtes maltais ont été informés mais sont restés silencieux et inactifs, négligeant leur obligation de fournir ou de coordonner l’assistance », a déploré MSF sur Twitter, faisant part de sa « consternation ». Depuis 2020, la Valette (capitale de Malte) reste sourde aux appels de détresse émis dans sa zone, laissant les canots de migrants à l’abandon, et ce en dépit de ses obligations internationales.
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Le Geo Barents a fêté sa première année d’activité début juillet. En 12 mois, le navire de MSF a secouru en Méditerranée centrale plus de 3 000 personnes et effectué plus de 6 500 consultations médicales à bord, selon un communiqué de l’organisation.
L’une des dernières missions du navire humanitaire avait secoué l’équipage. Fin juin, le navire était arrivé – avec hélas beaucoup de retard – sur le lieu d’un naufrage catastrophique. Une trentaine de personnes sont mortes. Un bébé suspendu à l’épaule d’un rescapé, qui s’accrochait tant bien que mal à un morceau de bois, avait été retrouvé inanimé par les humanitaires. Il a pu être réanimé in extremis par l’équipage.
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Une semaine avant, un autre navire humanitaire, l’Ocean Viking, a pu lui accoster le 6 juillet à Pozzallo, en Sicile, avec à son bord 306 rescapés. Le navire avait réalisé huit opérations de sauvetage en Méditerranée centrale. La dernière opération datait du 4 juillet, avec 15 personnes secourues au large de Malte – sans aide des autorités de la petite île européenne.
La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires (Ocean Viking, Sea Watch, Mare Jonio…) sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.
Source : http://www.infomigrants.net