La structure, inaugurée le 20 juillet, est gérée par Médecins du Monde Belgique. Les exilés, mais aussi toute personne en situation de précarité, peuvent y trouver refuge et consulter gratuitement un médecin, un psychologue ou un pédiatre.
Pour les migrants en transit dans le pays comme pour les citoyens en situation de grande précarité, l’accès aux soins n’est pas toujours une mince affaire en Tunisie. Pour pallier cette situation, un nouveau centre d’accueil, de soins et d’orientation (CASO) a été inauguré le 20 juillet dernier dans la commune de La Goulette, au nord-est de Tunis (adresse en fin d’article). Le bâtiment, prêté par la municipalité et géré par Médecins du Monde Belgique, offre différents services aux personnes dans le besoin.
Le premier d’entre eux ? Une « salle d’accueil inconditionnel », où les nécessiteux peuvent disposer de café, de thé, d’eau, et d’une connexion Wifi. Trois douches et trois toilettes, réservées équitablement aux hommes et aux femmes, sont aussi en libre-service, ainsi qu’une buanderie pour laver et sécher ses vêtements.

S’ils le souhaitent, les visiteurs peuvent s’adresser à un infirmer et à une assistante sociale du centre. Après une première évaluation de son état de santé, et selon la gravité de ses pathologies, la personne pourra être orientée soit vers des professionnels du centre, soit à l’extérieur de la structure. « Les consultations sur place sont assurées par un médecin généraliste, un psychologue ou un pédiatre, en fonction des besoins », explique Christelle Léon, coordinatrice générale de Médecins du Monde Belgique en Tunisie.
À savoir, « toutes nos équipes sont spécialisées dans l’accueil et le traitement des femmes victimes de violences, et des personnes victimes de la traite », tient-elle à ajouter. Un « safe space », une salle attenante à la salle d’accueil principale, est d’ailleurs à la disposition des femmes et des enfants qui préfèrent être au calme.
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Depuis quelques années, la Tunisie est devenue un pays d’accueil pour de nombreuses femmes migrantes et leurs enfants. Et ce, bien malgré elles. Beaucoup se retrouvent dans le pays après avoir été secourues en mer par les garde-côtes tunisiens suite à leur fuite de Libye. Dans le pays, ces rescapées de « l’enfer libyen » – un pays où s’exercent tortures, viols et violences en tout genre – tentent de panser leurs plaies.
« Racisme et stigmatisation aux urgences »
Depuis le centre de La Goulette, les personnes qui nécessitent une prise en charge plus importante, ou différente, pourront être dirigées vers des structures externes, comme des hôpitaux et des centres de santé publics. « Si leur statut le permet », précise Christelle Léon. Car en Tunisie, seules les visites aux urgences sont accessibles gratuitement aux migrants sans papiers. Les consultations plus poussées, ou plus spécialisées, nécessitent une couverture sociale, garantie par un titre de séjour ou une protection.
Ce type de services est aussi octroyé en fonction de la vulnérabilité de la personne, dont l’évaluation est laissée au praticien.

Voici pour la théorie. En pratique, même les services des urgences restent difficiles d’accès aux exilés sans statut. « Bénéficier de ce type de soins n’est pas toujours évident pour ces personnes, qui subissent racisme et stigmatisation de la part du personnel soignant », déplore Christelle Léon. Une situation qui dissuade d’ailleurs nombre d’entre eux, pourtant dans le besoin, de passer la porte des hôpitaux, « de peur d’être dénoncés par le personnel médical à la police et de se faire arrêter », affirme le média tunisien Nawaat.
C’est pourquoi au sein du CASO, « toute personne est la bienvenue », insiste Christelle Léon. Y compris les ressortissants tunisiens. « Lors des maraudes effectuées par notre clinique mobile dans la zone, nous avons fait un constat : il y avait beaucoup de mineurs à la rue. Ces jeunes survivent à La Goulette, en attendant de prendre un bateau pour l’Europe. Cette errance les expose aux violences policières, qui ont parfois de lourdes répercussions sur leur santé physique et morale. »
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Les Tunisiens, poussés par un chômage des jeunes à 40 % et le manque de perspectives, sont parmi les candidats à l’exil qui prennent place dans les embarcations de fortune, à la recherche d’une vie meilleure.
Selon le ministère italien de l’Intérieur, depuis le début de l’année, 6 731 ressortissants tunisiens ont débarqué en Italie, ce qui en fait la première nationalité des personnes arrivées par la mer. Et d’après le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), 16 % d’entre eux étaient mineurs.
Infos pratiques
Le CASO est ouvert le lundi, mardi, jeudi et vendredi, de 10h à 16h.
Il est situé rue Abou El Kacem Echabbi, au croisement de la rue Dr Skolli, 2060 La Goulette.
Source : https://www.infomigrants.net