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La Lituanie achève la construction d’une barrière à la frontière avec la Biélorussie

La Lituanie a construit une clôture en fils barbelés de quatre mètres de hauteur le long de 550 kilomètres de frontière avec la Biélorussie. Depuis un an, Vilnius accuse le gouvernement biélorusse d’orchestrer un afflux de migrants pour faire pression sur l’Union européenne.

Une clôture de fils barbelés de quatre mètres de hauteur s’étend désormais sur 550 kilomètres à la frontière entre la Lituanie et la Biélorussie. Démarrée en juillet 2021, la barrière couvre maintenant toutes les sections constructibles de la frontière de 700 kilomètres, a annoncé lundi 29 août la Première ministre lituanienne Ingrida Simonyte.

Environ 4 200 migrants sont entrés en Lituanie depuis la Biélorussie cette année. Bruxelles accuse le régime d’Alexandre Loukachenko d’encourager les exilés à passer la frontière en complicité avec la Russie, afin de mettre la pression sur l’Union européenne (UE). Une “attaque hybride” que Minsk dément.

Les autorités lituaniennes ont par ailleurs dénoncé des “détériorations de la clôture” fraîchement construite causées par les garde-frontières biélorusses. « Depuis début juillet, 95 cas de dommages ont été enregistrés », indique Rustamas Liubajevas, le commandant des garde-frontières lituaniens.

Légaliser les refoulements

La Lituanie applique une politique très stricte face aux milliers de migrants qui ont tenté de traverser la frontière depuis l’été 2021. Les garde-frontières ne cachent pas leur stratégie de refuser l’entrée aux exilés, pratique dénoncée par les ONG. Ces refoulements illégaux « restreignent le droit de l’Homme fondamental de demander l’asile dans un Etat sûr », avait déclaré à l’AFP Akvile Krisciunaite, chercheuse de l’ONG Diversity Development Group, en août 2021. « La Biélorussie n’est pas un pays sûr et on sait que les droits de l’Homme y sont gravement bafoués. »

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En dépit de ces accusations, la Première ministre lituanienne a annoncé que Minsk continuerait à appliquer sa politique de refus d’entrée. Le pays baltique compte même explorer des possibilités légales pour poursuivre cette tactique sans avoir à imposer un état d’urgence. Samedi dernier, les garde-frontières ont repoussé 125 migrants à la frontière : le nombre le plus élevé depuis le début de l’année. 

Conditions de détention difficiles

Le Parlement lituanien a adopté en juillet 2021 une loi qui autorise la détention à grande échelle des demandeurs d’asile. La durée de détention avait ensuite été prolongée à un an. InfoMigrants a recueilli les témoignages de plusieurs exilés enfermés dans des centres près de la frontière, dans des conditions difficiles. La grande majorité d’entre eux ont reçu une réponse négative à leurs demandes d’asile.

“Nous sommes enfermés depuis plus de six mois. La nourriture est donnée en quantité très insignifiante. Mon état physique s’est vraiment dégradé”, racontait en janvier Tshetshe*, un Congolais vivant dans le centre de Medininkai, tout près de la frontière avec la Biélorussie. Ingénieur en télécommunications et ancien fonctionnaire du régime de l’ex-président Joseph Kabila, Tshetshe assurait que sa vie était menacée en RDC. « Je ne sais pas ce qu’il va se passer maintenant pour moi », s’interrogeait-il.

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Les femmes détenues dans ces centres dénoncent, quant à elles, le manque d’intimité et témoignent de leurs craintes d’agressions de la part des gardes lituaniens. “Les gardes entrent même quand nous sommes en train de nous laver. Ils ont accès partout. Une fois, ils ont ouvert la porte et j’étais nue. Ils se sont excusés et sont sortis. Mais c’était très gênant”, expliquait Claire, enfermée à Medininkai depuis un an, en juin dernier. 

Des femmes du camp de Medininkai, en Lituanie, dénudées et menottées le 2 mars 2022. Crédit : DR
Des femmes du camp de Medininkai, en Lituanie, dénudées et menottées le 2 mars 2022. Crédit : DR

En mai, Médecins sans frontières (MSF) s’est dit « extrêmement préoccupée » par la détention arbitraire en Lituanie de plus de 2 500 migrants, neuf mois après avoir franchi la frontière avec la Biélorussie. L’ONG dénonçait notamment les « conditions inhumaines » dans lesquelles sont retenus les exilés et le manque de « procédure d’asile équitable ».

Source : http://www.infomigrants.net

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