Méditerranée : l’Ocean Viking porte secours à 86 personnes, dont de nombreux mineurs, au large de la Libye
L’Ocean Viking a porté secours à 86 migrants au large de la Libye, mardi. Selon l’ONG SOS Méditerranée qui affrète le navire humanitaire, 80% des passagers sont des mineurs, dont certains souffrent de déshydratation et de brûlures. L’équipage a reçu l’ordre de débarquer ses passagers à Bari, en Italie, à près de 1 000 km de la zone de sauvetage.
Nouveau sauvetage d’envergure en Méditerranée centrale. L’Ocean Viking, le navire humanitaire de SOS Méditerranée, a porté assistance mardi 27 juin à 86 migrants « dans un canot pneumatique en difficulté » au large de la Libye, dans les eaux internationales. Le collectif militant Alarm Phone a d’abord donné l’alerte, avant que l’appel ne soit relayé par un avion de Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières.
D’après l’ONG, 80% des passagers sont des mineurs, et beaucoup sont originaires de Gambie et du Sénégal, rapporte l’AFP. « Les rescapé.e.s à bord souffrent de déshydratation, d’épuisement et certains ont des brûlures de carburant », témoigne SOS Méditerranée sur Twitter. Les autorités italiennes ont orienté le navire vers le port de Bari, dans les Pouilles, à 970 km de la zone de sauvetage, « ce qui représente trois jours de voyage », déplore SOS Méditerranée.
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« Ces autorités vident ainsi la route maritime la plus meurtrière du monde de la seule ONG de recherche et de sauvetage présente. D’autres cas de détresse pourraient se reproduire. Nous craignons que plusieurs naufrages aient lieu. »
Au cours de cette même journée, le Geo Barents de Médecins sans frontières (MSF) a débarqué à La Spezia, dans le nord de l’Italie, 13 migrants secourus samedi dernier en Méditerranée centrale. Ces sauvetages interviennent alors que la Méditerranée est scrutée par l’Union européenne (UE), deux semaines après le naufrage dramatique d’un chalutier provoquant la disparition de plusieurs centaines de migrants, au large du Péloponnèse, en Grèce.
Criminalisation des ONG humanitaires en Italie
En Méditerranée, les ONG sont désormais confrontées à de nouveaux décrets du gouvernement italien qui exhortent les navires humanitaires de rentrer immédiatement au port après un sauvetage, sans pouvoir stationner en zone SAR (zone de recherche et de sauvetage), les empêchant de porter secours à d’autres embarcations en difficulté.
Cette loi n’a d’autre objectif que de « maintenir les navires (…) hors de la zone de sauvetage pendant des périodes prolongées », avaient dénoncé, en janvier dernier, les ONG de sauvetages en mer, dans un communiqué conjoint.
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Un nouveau texte adopté par les autorités italiennes impose également à l’équipage des bateaux de sauvetage d’informer les migrants qu’ils accueillent à bord de leur possibilité de demander la protection internationale dans n’importe quel pays de l’Union européenne et pas seulement dans le pays de débarquement. S’ils ne respectent pas ces règles, les capitaines des navires s’exposent à des amendes allant jusqu’à 50 000 euros et des infractions répétées peuvent être sanctionnées d’une immobilisation du bateau.
La Méditerranée centrale est la route migratoire la plus dangereuse du monde, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). L’agence onusienne estime qu’en 2022, 1 417 migrants y ont disparu. Et depuis janvier, ce sont déjà 1 724 personnes qui ont perdu la vie dans ces eaux.
Sources : https://www.infomigrants.net/