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Plus de 4 000 migrants accueillis dans le hotspot de Lampedusa, un record

Samedi 26 août, 4 121 exilés occupaient le centre d’accueil de l’île italienne de Lampedusa, pour une capacité dix fois inférieure. Des transferts dans d’autres villes du pays sont en cours, alors que les autorités planchent, dans le même temps, sur de nouvelles mesures visant à « faciliter les rapatriements ».

Du jamais-vu. Samedi 26 août, à la mi-journée, 4 121 migrants occupaient le hotspot de Lampedusa, pour une capacité maximum de 389 places. En cause ? L’arrivée ce jour-là de 1 116 autres personnes via 29 débarquements, qui se sont ajoutées à 1 918 autres exilés débarqués la veille, et à un millier de migrants déjà dans le centre depuis plusieurs jours.

L’île italienne ne pouvant « plus accueillir de réfugiés », des mots du préfet d’Agrigente Filippo Romano, des transferts dans plusieurs régions d’Italie ont été organisés pour désengorger son hotspot. Ainsi, 740 personnes ont été emmenées à Porto Empedocle, en Sicile. Le centre de ce petit port sicilien compte actuellement 818 exilés.

D’après l’agence de presse Ansa, 150 migrants partiront pour la Vénétie, 40 pour l’Ombrie, 150 pour l’Émilie-Romagne et 100 pour Vibo Valentia, en Calabre. Certains ont également été transférés par avion à Augusta, en Sicile. Au total, 1 131 migrants ont été transférés ce week-end.

Près de 3 000 personnes sont donc encore hébergées à Lampedusa, mais « aucune arrivée n’a été enregistrée pendant la nuit », tempère le journal Il Sole 24 Ore.

La plupart des exilés sont originaires d’Afrique subsaharienne, et ont pris la mer depuis la Tunisie. Début juillet, une vague de violences anti-migrants a gagné le pays, notamment dans la ville de Sfax. Attisées par la mort d’un Tunisien dans des heurts avec les exilés et le discours raciste du président Kaïs Saïed, ces violences ont conduit à l’arrestation et à l’expulsion d’au moins 2 000 migrants aux frontières libyennes et algériennes. Abandonnées dans le désert sans eau ni nourriture, au moins 27 personnes n’ont pas survécu.

Un hotspot régulièrement surchargé

Le centre d’accueil de Lampedusa, géré depuis maintenant deux mois par la Croix-Rouge, est très souvent surchargé : jusqu’à 3 000 personnes s’y entassent parfois au même moment dans ses pièces exiguës.

En juillet 2022, des photos publiées dans la presse, montrant l’intérieur du centre croulant sous les ordures et des exilés contraints de dormir à l’extérieur sur des matelas en mousse, avaient poussé les autorités à l’évacuer d’urgence. « Cela pourraient être des photos de Libye. Mais non, c’est l’Italie », avait déploré l’ancienne maire de Lampedusa Giusi Nicolini sur Facebook. Selon l’agence des Nations unies pour les migrations (OIM), trois migrants sont morts dans le hotspot au cours des derniers mois, dont Fatoumata Bamba, une Ivoirienne de 26 ans, le 18 février dernier.

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La saturation du centre s’explique par la place centrale qu’occupe cette petite île en mer Méditerranée : située à seulement 145 km des côtes tunisiennes, elle concentre les débarquements de migrants secourus par les garde-côtes italiens, mais aussi par les navires humanitaires qui sillonnent la zone. Ces derniers sont en revanche de plus en plus contraints de débarquer les naufragés dans des ports italiens beaucoup plus lointains.

Ce week-end, l’Ocean Viking s’est vu attribué, dans un premier temps, le port de Gênes, dans le nord de l’Italie, pour y débarquer 438 rescapés. Soit à plusieurs jours de navigation de la zone de sauvetage, proche de Lampedusa. « Il est important que les ONG comprennent que ne pas les laisser accoster [à Lampedusa, ndlr] ne signifie pas vouloir leur faire du mal ou leur créer des problèmes. Cela signifie simplement que Lampedusa n’est pas en mesure d’accueillir d’autres réfugiés », s’est justifié à Ansa le préfet d’Agrigento, Filippo Romano. Après la controverse, l’Ocean Viking a finalement pu emmener une partie de ses passagers à Vibo Valentia, puis à Naples.

« Faciliter les rapatriements »

Cet imbroglio sur les ports de débarquements est devenu une problématique récurrente pour les navires humanitaires. Celle-ci est une des conséquences d’un décret adopté par le gouvernement italien en janvier, qui enjoint les autorités à assigner des ports plus lointains aux ONG dans le but de désengorger les structures d’accueil du sud de l’Italie. Mais ces décisions compliquent considérablement la tâche des humanitaires, forcées de naviguer plusieurs jours en mer après un sauvetage, qui ne peuvent plus, de fait, procéder à d’autres opérations de secours.

Cinq mois après cette loi controversée, le gouvernement formé par la Première ministre d’extrême-droite Giorgia Meloni a adopté de nouvelles mesures. Rassemblées dans le décret Cutro – du nom de la localité calabraise où une embarcation a fait naufrage le 26 février 2023 faisant 94 morts – celles-ci ont pour objectif de réformer le système d’accueil des migrants, en restreignant les règles de la protection spéciale destinées aux exilés qui ne peuvent pas demander ou n’ont pas obtenu l’asile. Le décret durcit aussi les sanctions contre les passeurs.

>> À (re)lire : Italie : la nouvelle loi sur les sauvetages en mer « nous rend la vie encore plus difficile », estime MSF

D’après le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi, un troisième décret est actuellement en discussion, « dans le but », cette fois, « de faciliter les rapatriements », rapporte Il Sole 24 Ore. Le texte contiendra notamment « des mesures visant à faciliter le rapatriement des migrants irréguliers qui se sont distingués par des comportements violents ou dangereux », tandis que des études se poursuivent « pour créer d’autres CPR, [centres de rétention avant une expulsion, ndlr], et restaurer la pleine fonctionnalité de ceux qui existent déjà ».

Des « structures spécifiques d’identification des personnes débarquées, nécessaires pour activer les nouvelles procédures accélérées » sont aussi au programme. Le premier centre, à Pozzallo, « sera opérationnel à partir du 1er septembre ».

Sources : https://www.infomigrants.net/

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