Selon la Garde nationale tunisienne, 21 545 exilés ont été arrêtés en mer sur les quatre premiers mois de cette année, contre 17 576 sur la même période en 2023. Le climat reste délétère en Tunisie pour les Noirs qui y survivent : beaucoup sont chassés des villes, arrêtés de manière arbitraire et parfois, abandonnés dans le désert aux frontières libyenne et algérienne.
Les interceptions de migrants au large de la Tunisie ont augmenté de 22,5% de janvier à avril par rapport à la même période en 2023, a annoncé la Garde nationale tunisienne. Au total, les garde-côtes ont « intercepté » 21 545 personnes sur les quatre premiers mois de cette année, contre 17 576 sur la même période l’an dernier, pour un nombre d’opérations équivalent (751 contre 756), selon un communiqué officiel.
Dans le même temps, les autorités ont affirmé avoir repêché 291 corps de victimes de naufrage, en majorité des « étrangers » [des ressortissants d’Afrique subsaharienne, ndlr] depuis le début de l’année, contre 572 sur la même période de 2023 en triplant presque son nombre d’opérations (1 967 contre 686).
À ses frontières extérieures, la Garde nationale a annoncé avoir stoppé l’entrée de 21 462 personnes sur son sol, depuis l’Algérie à l’ouest et la Libye à l’est, soit quatre fois plus que les 5 256 répertoriés l’année précédente.
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La région de Sfax, deuxième ville du pays située au centre-est de la Tunisie, est restée l’épicentre des campements de migrants désireux de rejoindre l’Europe via l’île de Lampedusa – distante de 150 km environ. Environ 20 000 personnes y survivent actuellement, dans des conditions plus que précaires, au milieu de champs d’oliviers, parfois sans eau potable.
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Et la situation de ces Noirs ne cesse de se dégrader. Depuis plusieurs mois, la rédaction d’InfoMigrants est en contact avec des exilés dénonçant la destruction de leurs campements, des arrestations arbitraires, des comportements violents en mer, et des envois dans le désert (libyen ou algérien) où les migrants sont abandonnés sans eau ni nourriture.
« Tout le monde est arrêté »
« Il y a beaucoup d’arrestations à Sousse [centre de la Tunisie, ndlr] et Sfax. Les gens sont interpellés dans les appartements, dans la rue, dans les gares… D’habitude, les femmes et les enfants sont peu visés, mais ces derniers jours, tout le monde est arrêté », confie Salif*, un Guinéen de Sfax terrifié à l’idée d’être envoyé dans le désert.
Dans ce climat d’hostilité, la capitale n’est pas épargnée. Plusieurs centaines de personnes ont été évacuées de force vendredi 3 mai de campements de fortune installés devant les agences onusiennes de Tunis, puis « déportés vers la frontière algérienne », a affirmé le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), qui vient en aide aux étrangers en Tunisie.
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Ces opérations se sont déroulées alors qu’une réunion s’est tenue jeudi 9 mai à Rome entre les ministres de l’Intérieur d’Italie, Tunisie, Algérie et Libye. Le 17 avril, la Première ministre italienne Georgia Meloni s’est également rendue à Tunis, pour la quatrième fois en un an. Sous l’impulsion de Rome, l’Union européenne a conclu l’été dernier avec Tunis un accord, très critiqué en Europe, prévoyant des aides financières – au total, 255 millions d’euros – en contrepartie d’efforts accrus pour réduire les départs vers Lampedusa.
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Ce climat délétère pousse les exilés à fuir le pays le plus rapidement possible.
Sans doute, les Noirs du pays craignent de revivre les expulsions vers le désert qui avaient eu lieu, l’été dernier. Un véritable traumatisme : des milliers d’entre eux raflés par l’armée avaient été abandonnés sans eau ni nourriture, dans le désert libyen. Une centaine sont mortes de soif.
Sources: https://www.infomigrants.net/