Onze personnes, soupçonnées d’organiser des traversées en petits bateaux à moteur depuis les côtes algériennes, ont été arrêtées dans le sud de l’Espagne. Soit l’épilogue d’une enquête menée par les autorités espagnoles depuis 2021.
Coup de filet en Espagne. Un réseau de passeurs qui organisait des traversées en mer depuis l’Algérie jusqu’aux côtes espagnoles a été démantelé, a appris mercredi 27 septembre la presse espagnole. Accusés d’appartenance à une organisation criminelle et de crimes contre les droits des étrangers, les 11 personnes arrêtées, âgées de 30 à 55 ans, sont originaires d’Algérie, du Maroc et d’Espagne. Toutes sont installées dans le sud de ce pays, dans les provinces d’Alicante, Murcie et Almeria. L’homme considéré comme le chef du réseau a été placé en détention provisoire.
La Garde civile, qui a procédé aux arrestations, a également saisi ”trois bateaux semi-rigides, 250 litres de carburant, deux véhicules tout-terrain, 3 000 euros en liquide et plusieurs téléphones portables”, indique la radio Cope.
Le point final d’une enquête menée dans le cadre de l’opération ”Perchero”, dont l’objectif est de lutter contre les passeurs de la route Algérie-Espagne. Depuis 2021, la Garde civile suivait la trace d’un citoyen algérien impliqué dans le réseau, en charge de la logistique pour la traversée d’Algérie vers les plages de Murcie et d’Almeria.
Et au mois d’août, plusieurs suspects avaient été repérés par les autorités sur la plage d’Al Azohia, à Cartagène, alors qu’ils mettaient un petit bateau à l’eau. Cette pratique, nommée ”pateras taxis”, est le mode opératoire classique de la traversée de la Méditerranée à cet endroit : les passeurs font partir simultanément plusieurs petits bateaux semi-rigides à moteur, qu’ils dirigent en mer, pour ”dépasser les capacités d’intervention du service maritime de la Garde civile”, explique Ok Diairio. Et ainsi maximiser les chances de réussite.
Début juillet, 15 autres personnes ont été arrêtées dans le sud de l’Espagne dans le cadre d’une opération menée en collaboration avec l’agence européenne de police Europol et les autorités allemandes et norvégiennes. L’enquête a permis de déterminer que cette organisation, qui se livrait également au trafic de drogue et d’armes, avait amené « plus de 200 migrants » syriens et algériens en Espagne depuis l’Algérie « à bord de bateaux très rapides pilotés par des individus armés ». Le réseau demandait « entre 7 000 et 20 000 euros par personne » pour la traversée de la Méditerranée, a précisé la police.
En février aussi, six personnes soupçonnées d’appartenir à un réseau avaient été arrêtées à Orihuela, dans la province d’Alicante, et à Tudela, dans le nord du pays. Ces personnes étaient accusées d’avoir organisé des traversées en mer d’un montant de 5 000 euros par personne. Selon la presse espagnole, l’organisation pouvait planifier « plusieurs allers-retours dans la même journée avec le même pilote et le même navire », et « mettre à l’eau jusqu’à trois embarcations en même temps, saturant les services maritimes espagnols ».
Plus de 9 000 arrivées
Cette route migratoire en Méditerranée est empruntée par les « harragas », littéralement ”brûleurs de frontières”. Des citoyens et citoyennes d’Algérie désespérés par le manque d’opportunités dans leur pays, et ce, malgré l’instauration d’une allocation chômage en 2022. Au péril de leur vie, des milliers d’entre eux, y compris des familles entières, traversent cette zone maritime où les courants sont forts.
D’après le ministère de l’Intérieur, entre le 1er janvier et le 14 septembre 2023, 9 927 personnes sont arrivées sur les côtes sud de l’Espagne et des îles Baléares, contre 7 864 à la même période l’an passé.
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D’autres embarcations n’arrivent jamais à destination. Le 16 août, un bateau a sombré au large d’Alicante, à environ 50 km des côtes espagnoles. Quatorze personnes ont pu être secourues, dont une femme enceinte et ses deux enfants, tandis que deux sont décédées durant la traversée et une troisième, portée disparue. Ces 17 Algériens avaient pris la mer quelques jours plus tôt à Tipaza, ville côtière située à 70 km à l’ouest d’Alger. Ce sauvetage était le cinquième opéré dans la zone en cinq jours par les sauveteurs en mer espagnols.
Sources : https://www.infomigrants.net/