Une femme est morte après le naufrage de son embarcation, survenu vendredi 17 novembre au large de l’îlot grec d’Agathonisi, en mer Égée. Les 19 autres passagers, dont certains étaient déjà à l’eau lorsque les garde-côtes sont arrivés sur le lieu de l’incident, ont été secourus et transférés sur l’île de Samos.
La distance qui sépare la Turquie des îles grecques en mer Égée a beau être courte, la traversée n’en est pas moins dangereuse pour les migrants. Vendredi 17 novembre, une femme a perdu la vie après le naufrage de son embarcation entre la Turquie et la Grèce. D’après les garde-côtes grecs, elle a été retrouvée inconsciente dans l’eau, puis déclarée morte dans un hôpital de l’île de Samos où elle avait été transférée, ont-ils affirmé dans un communiqué.
La victime avait pris place dans un canot avec 19 autres personnes. Dix-huit d’entre elles ont été récupérées près de l’îlot d’Agathonissi : quand les secours sont arrivés, cinq étaient en mer, 12 encore sur le canot, précise le média Efsyn.
Une autre naufragée a été secourue plus loin, par les garde-côtes turcs dans les eaux turques, et remis à un patrouilleur grec.
Tous ont ensuite été transférés sur l’île de Samos.
Lundi 13 novembre déjà, un canot a chaviré au large de la ville turque d’Izmir. L’accident, survenu par temps orageux, a coûté la vie à cinq personnes. Six migrants ont pu être secourus mais deux sont toujours portés disparus. D’après la chaîne d’information HaberTürk, les exilés tentaient d’atteindre l’île grecque de Chios via la mer Égée. Les garde-côtes turcs ont également déclaré être à la recherche d’un bébé tombé à l’eau après le chavirement d’un autre canot, près de Lesbos, selon les témoignages des rescapés.
Le 17 octobre encore, un homme et une femme ont péri dans deux naufrages : l’un au large de Lesbos, l’autre près des côtes de Samos, plus au sud. Deux jours plus tôt, trois personnes, dont une femme, avaient également péri noyées en tentant de rejoindre la Grèce.
Lits de camps et « tentes surpeuplées »
Cette route migratoire en mer Égée est empruntée depuis des années par les migrants qui cherchent à rejoindre l’Union européenne. Cette année, les traversées à cet endroit connaissent un regain d’intérêt. Au cours des neufs premiers mois de l’année, près de 30 000 personnes ont atteint la Grèce, contre 11 000 à la même période l’an dernier, a indiqué le ministre grec des Migrations.
Une fois débarqués dans le pays, les exilés sont accueillis dans des camps, où les conditions de vie sont le plus souvent très difficiles. « Quand le centre n’est pas surpeuplé, la situation est plus ou moins gérable. Mais dès que la population augmente, les autorités ne gèrent pas du tout », déclarait en octobre dernier à InfoMigrants Marion Bouchetel, avocate au Legal center Lesbos qui opère dans le camp de Mavrorouni, à Lesbos. D’après elle, le lieu, « un enchainement de lits de camp dans des tentes surpeuplées », est « très précaire ».
Quand la structure déborde, « à l’intérieur, les femmes, les hommes et les enfants ne sont pas séparés, et il n’y a pas d’électricité », abondait Nihal Osman, coordinatrice de terrain pour Médecins sans frontières (MSF) sur l’île.
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La gestion des centres de la mer Égée a même été pointé du doigt par l’un de ses bailleurs principaux. En mai 2023, des documents internes de l’Union européenne (UE) que s’est procurés Al Jazeera montraient d’importantes violations des droits des migrants dans la sécurité, l’accès à l’asile, à des soins ou à des interprètes dans les structures pour demandeurs d’asile de Samos, Leros et Kos. La chaîne d’information qatarie s’est basée sur des dizaines de rapports hebdomadaires effectués par des représentants de la Commission européenne sur les îles entre mars 2022 et février 2023.
Dans le centre de Samos, les membres de l’UE ont fait état à plusieurs reprises de personnel soignant en quantité suffisante, notamment pour les mineurs isolés, cantonnés dans des « zones de sécurité » à l’intérieur du camp. À Leros, la Commission a documenté des « problèmes quasi quotidiens » de « violence » et de « vandalisme » dans la partie réservée aux mineurs non accompagnés, en raison notamment de la surpopulation.
Quarante-cinq ONG et groupes de la société civile avaient pourtant, dès leur ouverture, demandé à l’UE et au gouvernement grec de mettre fin à ce genre de structures. Selon eux, ces lieux « entravent l’identification et la protection des personnes vulnérables, limitent l’accès aux services et à l’assistance pour les demandeurs d’asile, et exacerbent les effets néfastes du déplacement sur la santé mentale des individus ». Sans succès.
Sources : https://www.infomigrants.net/