Une vidéo diffusée par Sea-Watch et tournée en mer Méditerranée, au large la ville libyenne de Misrata, montre les autorités libyennes percuter un canot de migrants surchargé. Cette manœuvre dangereuse, repérée par l’avion de surveillance de l’ONG allemande, a provoqué le naufrage de l’embarcation.
L’avion de surveillance de l’ONG allemande Sea-Watch a été témoin d’une nouvelle manœuvre dangereuse opérée par les garde-côtes libyens en mer Méditerranée, au large de la ville libyenne de Misrata. Une vidéo diffusée par les humanitaires montre un petit bateau heurter une embarcation de migrants surchargée. La scène s’est déroulée vendredi 29 septembre en fin de matinée.
« Malgré nos nombreux avertissements, ils ont percuté et détruit un canot en détresse », affirme sur X (ex-Twitter) Sea-Watch. Sur les images, on voit l’embarcation couler et plusieurs personnes tomber à l’eau, après le passage du bateau à moteur. Selon l’ONG, environ 50 exilés se trouvaient à bord du canot.
Peu de temps après, on aperçoit un plus gros navire appartenant aux garde-côtes libyens lancer des gilets et des bouées de sauvetage, mais à une distance lointaine des naufragés. Difficile pour eux d’y accéder.
« Tentative d’assassinat »
Sur son compte X, Sea-Watch a qualifié cet incident de « tentative d’assassinat ». L’ONG assure que les migrants ont été pris en charge sur le patrouilleur libyen et renvoyés dans le pays. Impossible cependant de savoir si des victimes sont à déplorer.
Le Louise Michel, présent à proximité, s’est rendu sur les lieux pour trouver d’éventuels rescapés. « Notre équipe a fouillé la zone à la recherche de survivants ou de personnes décédées, mais n’en a trouvé aucun. On ne sait pas si tous ont survécu à cette dangereuse manœuvre », assure l’équipage du navire humanitaire affrété par l’artiste Banksy.
« Nous sommes dégoûtés par cet acte agressif contre ces personnes en quête d’un lieu sûr », a continué le Louis Michel sur X. « Des forces financées par l’UE semblent prêtes à tuer les personnes traversant la Méditerranée pour les empêcher de chercher la sécurité ». Même son de cloche du côté de Sea-Watch : « Les soi-disant garde-côtes libyens, financés et armés par l’Italie et l’Europe sont composés de criminels impitoyables. Il est temps pour les États européens de cesser de soutenir les violations des droits de l’Homme ».
Accord contesté entre l’UE et les garde-côtes libyens
Depuis 2016, l’Union européenne (UE) fournit un soutien matériel et logistique à la Libye, dans le but de stopper les embarcations d’exilés en mer. Un accord dénoncé à maintes reprises par les ONG mais aussi les instances internationales. Les garde-côtes sont en effet régulièrement accusés de violences envers les migrants qui tentent d’atteindre les côtes européennes, mais aussi contre les ONG de sauvetages.
En juillet, l’Ocean Viking avait été visé par des tirs répétés provenant d’un navire des garde-côtes libyens alors que le navire humanitaire de SOS Méditerranée procédait à une opération de sauvetage dans les eaux internationales.
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Ce n’est pas la première intimidation subie par l’Ocean Viking. Une histoire similaire avait déjà eu lieu en mars dernier. Les garde-côtes avaient tiré en l’air pour empêcher le bateau de porter secours à un canot en détresse.
En février 2022, c’est l’Organisation internationale des migrations (OIM) qui avait condamné l’attitude des autorités libyennes. Elles avaient tiré à balles réelles sur une embarcation de migrants qui tentait de leur échapper, tuant un passager et en blessant trois autres.
En sept ans, plus de 130 000 personnes ont été interceptées en mer et renvoyées en Libye. Dans le même temps, plus de 22 000 exilés ont péri en Méditerranée centrale en essayant de rejoindre l’Europe. Cette route migratoire demeure la plus meurtrière au monde.
Sources : https://www.infomigrants.net/