Au moins cinq personnes sont mortes noyées lundi après le naufrage de leur embarcation, au large de la province turque d’Izmir, ont annoncé les garde-côtes turcs. Deux autres migrants sont portés disparus et six ont pu être secourus.
Nouveau drame en mer Égée. Une embarcation a chaviré lundi 13 novembre au large de la ville turque d’Izmir, connue pour être un lieu de départ des canots de migrants. L’accident, survenu par temps orageux, a coûté la vie à cinq personnes, ont indiqué les garde-côtes turcs. Six migrants ont pu être secourus mais deux sont toujours portés disparus.
D’après la chaîne d’information HaberTürk, les exilés tentaient d’atteindre l’île grecque de Chios via la mer Égée.
Les garde-côtes turcs ont également déclaré être à la recherche d’un bébé tombé à l’eau après le chavirement d’un autre canot, près de Lesbos, selon les témoignages des rescapés.
Près de 30 000 arrivées depuis janvier
Depuis plusieurs années, des milliers de migrants prennent la mer depuis la Turquie pour atteindre les îles grecques et entrer dans l’Union européenne. Au cours des neufs premiers mois de l’année, près de 30 000 personnes ont atteint la Grèce, contre 11 000 à la même période l’an dernier, a indiqué le ministre grec des Migrations.
Malgré les courtes distances qui séparent les côtes turques de certaines îles grecques, les courants et les mauvaises conditions météorologiques rendent la traversée dangereuse. Les naufrages sont courants dans ces eaux.
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Le 17 octobre, un homme et une femme ont péri dans deux naufrages en mer Égée : l’un au large de Lesbos, l’autre près des côtes de Samos, plus au sud. Deux jours plus tôt, trois personnes, dont une femme, avaient également péri noyées en tentant de rejoindre la Grèce.
La police portuaire grecque, avec l’aide de l’Agence européenne de surveillance des frontières (Frontex), patrouille pourtant régulièrement cette zone maritime. De nombreux sauvetages y sont conduits, mais les refoulements violents de petits bateaux sont aussi légion. InfoMigrants a recueilli de nombreux témoignages de migrants qui racontent avoir été forcés, sous la menace, par les garde-côtes grecs à faire demi-tour en direction de la Turquie, ou avoir été ramenés manu militari sur ses côtes.
En mai 2022, Brian expliquait qu’un bateau floqué d’un drapeau grec avait repoussé son groupe de migrants vers les eaux turques. « Ils nous ont crié dessus et ont pointé leurs armes sur nous », témoignait le jeune Camerounais.
Refoulements violents
Les ONG documentent aussi depuis des années les « pushback » commis par les forces grecques. Dans un rapport paru le 2 novembre, Médecins sans frontières (MSF) affirme que les refoulements illégaux de migrants « sont devenus la norme » et qu’ils s’accompagnent de « cycles de violences ».
L’organisation a recueilli des témoignages de « violences, agressions physiques, fouilles à nu et fouilles corporelles intrusives », y compris sur des enfants, de la part d' »officiers en uniforme et d’individus masqués non identifiés ».
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Parmi les violences revenant régulièrement dans les témoignages : poignets ou chevilles immobilisés avec des câbles en plastique, coups avec des matraques ou des bâtons, insultes verbales, fouilles corporelles intrusives devant des inconnus, liste MSF.
Malgré les accusations récurrentes de refoulements et de violences, et « malgré des preuves nombreuses et crédibles, les autorités grecques, l’Union européenne et ses États membres n’ont pas demandé de comptes aux auteurs de ces manquements », commente l’ONG dans son rapport.
Sources : https://www.infomigrants.net/