Deux exilés soudanais, dont une femme de 24 ans, ont été poignardés alors qu’ils s’apprêtaient à prendre la mer pour le Royaume-Uni depuis Oye-Plage, près de Calais. Une enquête a été ouverte par le tribunal de Saint-Omer.
Nuit de violences à Oye-Plage. Dimanche 7 avril dans la soirée, plusieurs migrants ont été blessés lors d’une rixe entre exilés à Oye-Plage, près de Calais. « L’agression se serait produite en marge d’une bagarre, près d’un blockhaus du littoral », précise La Voix du Nord. Au moins deux migrants, un Soudanais de 20 ans et une Soudanaise de 24 ans, ont reçu plusieurs coups de couteau. Cette dernière a été poignardée à la cage thoracique.
Cinq personnes au total ont été prises en charge par les pompiers et les gendarmes.
« L’origine des tensions semble être d’ordre intercommunautaire et liée à des différents qui surviennent au moment de l’embarquement dans les bateaux armés par les passeurs », a expliqué la préfecture du Pas-de-Calais à Nord Littoral.
« Le groupe auteur de ces violences est également à l’origine d’une tentative de départ survenue quelques heures plus tard. Cette tentative a été empêchée grâce à l’action des gendarmes, qui ont néanmoins été pris à partie et victimes d’importants jets de projectiles ».
Le parquet de Saint-Omer a confirmé au journal local qu’une enquête était en cours pour déterminer les circonstances de l’incident.
Record de traversées
Oye-Plage est un des points de départ des embarcations de migrants qui partent pour l’Angleterre. Le 26 mars, 53 exilés ont été secourus en mer au large de la localité, après une panne de moteur. Ils avaient ensuite été déposés au port de Boulogne-sur-Mer où les attendait la police aux frontières.
Depuis le début de l’année, les traversées de la Manche depuis le littoral français ne faiblissent pas. Entre le 1er janvier et le 31 mars 2024, 4 993 exilés ont débarqué au Royaume-Uni après avoir embarqué depuis les côtes françaises, soit une augmentation de 25 % par rapport à la même période l’année dernière, d’après le Home Office.
Le 20 mars notamment, dix embarcations de migrants ont atteint les côtes britanniques, transportant au total 514 exilés. Un nouveau record d’arrivées en une seule journée, avaient souligné les médias britanniques. L’un des passagers, blessé par arme blanche, avait été transféré dans un hôpital après son arrivée au port de Douvres.
Le Premier ministre Rishi Sunak s’était pourtant félicité, fin 2023, d’avoir fait baisser les arrivées de migrants par la Manche. L’année dernière, le Royaume-Uni a enregistré 29 437 arrivées en « small boats », contre 45 000 en 2022. Mais un facteur important permet d’explique cette baisse : l’accord signé entre Londres et l’Albanie en décembre 2022 pour lutter contre l’immigration clandestine. Cette année-là en effet, près d’un tiers des 45 000 arrivées sur le sol anglais concernaient des Albanais partis de France, souvent des hommes majeurs seuls. À l’été 2022, les Albanais ont même représenté jusqu’à 50 % des passagers de « small boats ».
Barrages détruits
Côté français, les autorités déploient depuis quelques mois des barrages flottants dans les canaux se jetant dans la Manche, là où les migrants embarquent pour la traversée du détroit. Trois ont été installés : un premier dans le canal des Dunes, près de Dunkerque, un second dans l’Authie et un troisième dans la Canche. Ce dernier a été détruit dans la nuit du 30 au 31 mars 2024, par des passeurs, selon les autorités.
Si ces dernières assurent que ces barrages ont un effet dissuasif, pour les associations, ils ne résolvent rien. « Ce n’est pas une ligne de bouées qui va empêcher les gens de tenter la traversée » de la Manche, a affirmé à InfoMigrants Pierre Roques de l’Auberge des migrants. Les exilés « peuvent aller 200 mètres plus loin, cela ne va rien changer ».
Sources: https://www.infomigrants.net/