Au Sénégal, une semaine après le chavirement d’une pirogue qui a fait au moins 39 morts et des dizaines de disparus au large de Mbour, 27 personnes qui projetaient de partir ont été arrêtées quelques jours plus tard dans un quartier de la même ville. Si Moustapha Fall, président de l’Association nationale des partenaires migrants, estime que ces opérations de police sont nécessaires, il les juge insuffisantes : « Il faudrait que l’État du Sénégal puisse dire clairement quelle est sa politique de migration. »
56 SENEGAL _Son MATIN – malgré le drame au large de Mbour, les candidats à l’émigration ne se découragent pas
À Mbour au Sénégal, des centaines de personnes continuent de vouloir prendre la mer pour gagner l’Europe de manière irrègulière. Une semaine à peine après le chavirement d’une pirogue qui a fait au moins 39 morts et des dizaines de disparus, 27 personnes qui projetaient de partir ont été interpellées le 14 septembre dans un quartier de la ville. Selon une source policière, ce sont 20 Gambiens et sept Sénégalais.
Moustapha Fall, président de l’Association nationale des partenaires migrants, installée à Mbour, salue ces opérations de police mais estime qu’il faut en faire plus face à la gravité de la situation.
« Il y a un dysfonctionnement au niveau des forces de sécurité »
« Ce n’est pas une solution pérenne, mais quand même, c’est le rôle de l’État, souligne-t-il au micro de notre correspondant Gwendal Lavina. Mais il faut quand même avouer que, à un moment donné, ils ont laissé faire. Donc, avec la capacité et les moyens que nos forces de l’ordre détiennent, ils avaient la possibilité en amont de pouvoir surveiller nos côtes de façon à ce que les jeunes ne puissent pas prendre les barques. La préparation du voyage peut durer au moins un mois. Donc où sont les renseignements généraux ? Il y a un dysfonctionnement au niveau des forces de sécurité », estime Moustapha Fall.
Il poursuit : « C’est le désespoir total pour les jeunes, parce que des tragédies pareilles, ce n’est pas la première fois. Depuis trois-quatre ans, nous avons perdu énormément de jeunes qui ont été engloutis par la mer. Il faudrait que l’État du Sénégal, le gouvernement, le régime en place, puisse dire clairement quelle est sa politique migratoire, quelle politique va-t-il mettre en place de manière à satisfaire les frustrations des jeunes. Prononcer des discours, ça ne va pas régler le problème. Ça ne va pas retenir les jeunes parce que les jeunes sont dans le désespoir. Il faut des choses concrètes ».
Sources: https://www.infomigrants.net/