France : des centaines de personnes manifestent à Paris contre les politiques migratoires « répressives »
Les étrangers régularisés et les sans-papiers ont exprimé leur colère samedi lors d’une manifestation à Paris. Soutenus par des syndicats et associations, ils exigent un meilleur traitement de leurs demandes de régularisation et craignent pour leur avenir en France. Car le gouvernement français démissionnaire avait amorcé une réforme visant à diminuer le nombre de régularisations. Et malgré le départ de son exécutif, de nombreuses préfectures ont suivi les indications du ministre.
« Carte de plein droit pour les travailleurs immigrés », « No futur sans immigration », « Stop aux OQTF ! Ouvrez les guichets », « lois immigration, ça suffit ! », proclamaient les pancartes dans le cortège qui a quitté la place de Clichy en direction de la place de la République samedi 14 décembre. Des centaines de manifestants brandissent des pancartes et scandent des slogans. Tous envoient le même message au gouvernement : ils veulent leur régularisation pour travailler dans de meilleures conditions.
Des collectifs de mineurs isolés étrangers étaient en tête de la manifestation, ils occupent actuellement la Gaité Lyrique, un lieu culturel parisien, pour réclamer de la mairie de Paris des hébergements. Ils sont suivis de collectifs de travailleurs sans-papiers, sous de nombreux drapeaux de la CGT et en fin de cortège, des drapeaux palestiniens.
Une vingtaine d’organisations, dont la Ligue des droits de l’Homme (LDH), Amnesty international, le syndicat de la magistrature, Oxfam, Emmaüs, Médecins du Monde, Attac, la Cimade, Utopia 56, SOS Racisme, la CGT et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) ont appelé à cette manifestation dans une déclaration commune intitulée « Nés ici ou venus d’ailleurs ». Parmi eux, Christiane, employée sans-papiers en France depuis trois ans : « Le travail quand on est sans-papiers, c’est franchement tellement pénible. Il y a certains qui vivent des situations très difficiles avec les employeurs. D’autres subissent des abus de la part des patrons. »
« Un sans-papiers vit dans la peur »
Par crainte, elle préfère ne pas en dire plus. Mais ces abus, Mamadou les connaît bien : s’il a été régularisé il y a longtemps, le syndicaliste n’a pas oublié la réalité d’un métier sans titre de séjour. « Un sans-papiers vit dans la peur, il accepte tout ce que les autres n’acceptent pas. Les samedis, les dimanches, les jours fériés, des horaires que personne ne veut. Et si vous parlez, on vous vire. Et si vous avez une famille à nourrir, un loyer à payer, vous serez obligé de vous taire et de travailler », a-t-il confié.
Le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau avait amorcé la réforme de la circulaire Manuel Valls. En vigueur depuis 2012, le document permettait de satisfaire près de 30 000 procédures de régularisation par an. Si l’exécutif va changer dans les prochains jours, les préfectures en charge des demandes, elles, n’ont pas attendu et ont suivi les instructions du gouvernement, en réduisant la voilure. D’autant que la nomination de François Bayrou à Matignon peut signifier la poursuite de cette politique migratoire.
Les « régularisés » également touchés
Et désormais, le problème touche également des personnes en situation régulière. « Des personnes étrangères en situation régulière sont en train aujourd’hui d’avoir de grandes difficultés à renouveler leurs titres. Cela suffit de ces politiques migratoires répressives, nous demandons l’égalité des droits pour toutes et tous, un logement, un travail, l’école », a déclaré à l’AFP Cybèle David, de l’Union Syndicale Solidaire.
Pour éviter ce genre de scénario, Pascal aide les migrants dans leurs démarches. Mais rien n’y fait, il dénonce un blocage de l’administration publique : « Dans l’Essonne, la préfecture est complètement fermée depuis trois mois, aucun dossier, aucun dossier d’admission, aucun dossier de renouvellement. »
L’année dernière déjà, des sans-papiers s’étaient rassemblés devant la préfecture d’Essonne pour protester contre les délais de prise en charge. De nouvelles mobilisations auront lieu dans toute la France lors de la journée internationale des migrants, mercredi 16 décembre.
Sources: infomigrants.net