Un homme originaire d’Afrique subsaharienne est parvenu la semaine dernière à atteindre l’enclave espagnole de Ceuta depuis le Maroc voisin en utilisant un parapente. Une arrivée similaire avait été recensée fin 2022 à Melilla, l’autre enclave espagnole au nord du Maghreb, mais c’est la première fois qu’un migrant débarque de cette manière à Ceuta.
C’est une première à Ceuta. Vendredi 3 octobre, la Garde civile a repéré un parapente rose survolé l’enclave espagnole, a rapporté la presse locale. Plusieurs patrouilles ont alors fouillé la zone pour retrouver l’homme mais seul l’engin volant a été découvert. Le pilote s’était volatilisé.
Mais il n’a pas fallu longtemps pour que les autorités espagnoles de ce petit territoire enclavé sur le sol marocain ne retrouvent la trace de cette personne : il s’agit d’un migrant d’une vingtaine d’années originaire d’Afrique subsaharienne. Il a été pris en charge dans le centre d’accueil de Ceuta.
Ce type de traversée est extrêmement risquée car elle requiert un certain niveau d’expérience. Le pilote ne présentait aucune trace d’égratignures, signe qu’il savait parfaitement manier un parapente.
Cet été, des groupes de migrants africains vivant près des enclaves espagnoles en attendant de passer clandestinement la frontière ont publié des vidéos sur les réseaux sociaux en faisant part de leur volonté d’utiliser un parapente, selon El Faro de Ceuta. Certains ont même donné une marche à suivre en indiquant notamment les itinéraires à emprunter pour atteindre Ceuta par les airs.
Si les arrivées de ce type sont rares, elles ne sont pas inédites sur le sol espagnol. Fin 2022, un migrant avait utilisé le même moyen de transport pour atteindre l’autre enclave espagnole au Maroc, Melilla.
« Vers 18h15 (heure locale), deux individus qui circulaient en voiture ont vu une personne en parapente » survoler la haute barrière ultra-sécurisée séparant l’enclave du Maroc et rentrer à Melilla, avait à l’époque déclaré un porte-parole de la préfecture de l’enclave. Selon la même source, c’était « la première fois » qu’un migrant entrait à Melilla de cette façon.
Traversées à la nage
D’ordinaire en effet, les exilés escaladent – non sans risques – les barrières grillagées de plusieurs mètres de haut, équipées de caméras et de miradors, qui marquent la frontière entre le Maroc et le petit territoire espagnol. Ces tentatives de franchissement sont dangereuses, parfois mortelles.
Ces dernières années aussi, les exilés tentent d’entrer à Ceuta en nageant depuis les rives marocaines. Mais la distance qui sépare l’enclave espagnole du territoire marocain a beau être courte, le trajet n’en est pas moins risqué. Les forts courants et les rochers le long du rivage rendent le parcours particulièrement dangereux. « [La traversée] était très difficile, il faut être un bon nageur pour y parvenir (…) J’ai eu beaucoup de difficultés car la mer était très agitée et elle vous emporte vers les rochers. Personne ne peut comprendre, sauf ceux qui ont déjà essayé », avait témoigné l’an dernier Chaimae El Grini, une Marocaine de 19 ans, qui documente frénétiquement son voyage sur les réseaux sociaux.
À l’instar de cette dernière, les jeunes femmes sont de plus en plus nombreuses à tenter la traversée à la nage vers Ceuta. Et leur voyage interroge la société marocaine. « Ces actes bousculent les représentations sociales car l’endurance et la force – nécessaires pour nager jusqu’aux rives espagnoles – sont des qualités généralement attribuées aux hommes dans la société marocaine », avait analysé pour InfoMigrants le mois dernier le chercheur Ali Zoubeidi. « Mais en franchissant cette barrière à la nage seules, elles prouvent qu’elles sont aussi capables de le faire, au même titre que les hommes. Une femme qui prend son avenir en mains, cela choque l’opinion. »
Depuis le début de l’année, au moins 30 personnes sont décédées en tentant de rejoindre à la nage l’enclave espagnole depuis le Maroc.
Sources: infomigrants
