Les contrôleurs britanniques des lieux de privation de liberté ont pu visiter en septembre plusieurs centres de détention de migrants, dont celui de Tug Haven, à Douvres, où les personnes migrantes débarquant via la Manche sont détenues. Ils dénoncent dans un rapport des conditions matérielles d’accueil indignes et inadaptées.
Dans un rapport publié vendredi 23 octobre, l’inspection royale britannique des prisons (Her Majesty’s Inspectorate of Prisons ou HMI Prisons) dénonce les conditions matérielles d’accueil des migrants arrivant au Royaume-Uni à bord de « small boats » (petites embarcations) depuis les côtes françaises.
Après que des inspecteurs ont pu visiter en septembre plusieurs de ces lieux de détention, l’organisation pointe du doigt la désorganisation de l’accueil et le manque d’anticipation des arrivées de migrants – pourtant en hausse depuis janvier 2020.
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C’est surtout le site de Tug Haven, à Douvres, qui a retenu l’attention des inspecteurs du HMI Prisons – institution indépendante comparable au Contrôleur général des lieux de privation de liberté en France.
Tug Haven est un point de passage obligé pour tous les migrants arrivants au Royaume-Uni à bord de petites embarcations. Ils y sont enregistrés avant d’être transférés vers d’autres installations. Le jour de l’inspection du HMI Prisons, 200 personnes sont arrivées dans le centre.
En trois mois seulement (de juin à août 2020), ce centre de détention a accueilli 2500 personnes qui ont ensuite été réparties dans d’autres lieux de détention. Pourtant, Tug Haven manque cruellement d’aménagements et ressemble à « un chantier de construction », selon le rapport des inspecteurs du HMI Prisons.
« Les détenus arrivaient presque toujours mouillés et gelés, mais ils devaient souvent passer des heures à l’air libre ou dans des conteneurs exigus… Les produits de première nécessité, y compris les vêtements secs, manquaient lors de l’inspection et certains détenus ont été placés dans des véhicules de police alors que leurs vêtements étaient mouillés », a détaillé Peter Clarke, inspecteur en chef des prisons (HM Chief Inspector of Prisons), rapportant ce qui avait été constaté lors de la visite des inspecteurs.
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Les photos jointes au rapport montrent effectivement un lieu très précaire, avec un sol de graviers sur lequel ont été disposés des conteneurs sans fenêtres et des tentes légères.
Le site de Tug Haven n’est destiné qu’à de courts séjours. Or, selon le rapport des inspecteurs, des personnes y ont été détenues “plus de 50 heures, sans avoir accès au grand air, ni à des installations de couchage”.
Des manquements à la prise en charge des mineurs ont également été observés par les inspecteurs du HMI Prisons, notamment des cas de détentions abusives de mineurs et le transfert d’un mineur vers le centre de détention pour adultes de Yarl’s Wood.
Selon Peter Clarcke, l’importante hausse des arrivées en 2020 ne peut pas à elle seule expliquer les mauvaises conditions d’accueil des personnes migrantes. « Les modalités d’accueil à Tug Haven ne sont pas adaptées, même pour un petit nombre de personnes. Le personnel de la branche locale du ministère de l’Intérieur, qui travaillait lui-même dans des conditions difficiles, l’a reconnu d’emblée », souligne Peter Clarcke.
Plus de 7 400 personnes sont arrivées au Royaume-Uni dans de petites embarcations cette année, selon l’agence de presse PA Media citée par le Guardian, soit près de quatre fois plus qu’en 2019, avec un record de 416 personnes arrivées en un seul jour, le 2 septembre. De son côté, la préfecture du Pas-de-Calais affirme que, depuis le début de l’année, 479 tentatives de traversées ont été interceptées par les autorités françaises tandis que 559 ont atteint leur but, la Grande-Bretagne.
Sources : https://www.infomigrants.net/