Un migrant kurde de 25 ans est mort peu de temps après avoir réussi à atteindre l’Allemagne. Baxtyar Anwar avait traversé la Biélorussie et la Pologne. Son corps vient d’être rapatrié au Kurdistan irakien pour y être enterré.
Baxtyar Anwar est né dans un camp de réfugiés en Irak. Et c’est dans un camp de réfugiés, à Barika, dans le Kurdistan irakien, que le jeune homme de 25 ans a été enterré dimanche 12 décembre.
Kawa Anwar Mahmood Al-Jaf, connu sous le nom de Baxtyar Anwar, est mort il y a près de trois semaines dans l’est de l’Allemagne. Il avait traversé le fleuve de l’Oder depuis la Pologne avant de se retrouver avec un groupe de migrants dans une forêt près de Guben, dans le sud de la région allemande du Brandebourg.
Dans la matinée du 23 novembre, un membre du groupe a lancé un appel à l’aide. À son arrivée, la police allemande dit avoir retrouvé un groupe de sept personnes, dont le corps inanimé de Baxtyar Anwar.
Voyage fatal
Des membres de sa famille, qui vivent dans le camp de réfugiés de Sulaymaniyah, au nord de l’Irak, ont appris la nouvelle par des photos circulant sur les réseaux sociaux. On y voit le corps de Baxtyar Anwar, allongé sur le dos. Il s’était lancé sur la dangereuse route vers l’Europe un mois plus tôt, fin octobre, en passant par la Biélorussie, puis la Pologne, afin d’atteindre l’Allemagne.
C’était la deuxième tentative du jeune Kurde. La première fois, en septembre, Baxtyar Anwar avait été interpellé et renvoyé chez lui par avion. Pour sa seconde tentative, il aurait payé près de 7 000 euros à un passeur.
À mi-chemin, le 13 novembre, Baxtyar Anwar avait envoyé une vidéo depuis Minsk à Ranj Pzhdary, un journaliste et militant kurde. Les images montrent des migrants rassemblés dans le centre de la capitale biélorusse. Dans la vidéo, Baxtyar Anwar explique qu’il fait partie d’un groupe ayant l’intention de se diriger vers la frontière polonaise. À ce moment là, le jeune homme semble confiant et en bonne santé.
>> À (re)lire : « Les Biélorusses nous ont posé un ultimatum, soit on passe en Pologne, soit on retourne en Irak »
Lors d’un deuxième échange avec le journaliste, Baxtyar Anwar affirme que les autorités polonaises ont tenté de le faire rebrousser chemin, mais que malgré « une douleur au cœur et au niveau des yeux », il était déterminé à continuer à essayer de rejoindre l’Allemagne.
Ensuite, le journaliste dit ne plus avoir eu de contact avec Baxtyar Anwar.
Une vie passé dans la pauvreté
Le jeune Kurde aura été réfugié toute sa vie et cherchait à fuir la pauvreté qui règne dans le camp de Barika. Selon Musa, son cousin, Baxtyar voulait à tout prix faire des études en informatique. C’était son « rêve ultime », explique-t-il dans une interview à la chaîne d’information kurde Rudaw.
La famille de Baxtyar Anwar avait fui l’Iran pendant la révolution iranienne de 1979. Ils atterissent dans un camp près de Sulaymaniyah, au nord de l’Irak. Après deux ans, ils sont transférés dans le camp d’Altash, près de Ramadi, dans le centre de l’Irak. C’est là que Baxtyar est né.
Neuf ans plus tard, en 2005 et dans la foulée de la chute de Saddam Hussein, la famille retourne dans le Kurdistan irakien et s’installe dans le camp de Barika, où vivent actuellement quelque 700 familles, selon Rudaw.
La mort aux portes de l’Europe
Plusieurs centaines de Kurdes irakiens sont allés en Biélorussie ces derniers mois. Plus d’une dizaine de migrants, dont des Irakiens, sont morts depuis le mois d’août aux frontières entre la Biélorussie et l’Union européenne.
Baxtyar Anwar avait toutefois réussi à passer cet obstacle sur sa route vers l’Europe, avant d’être retrouvé mort à la frontière germano-polonaise.
En octobre, le corps sans vie d’un autre Irakien avait été découvert dans une camionnette qui venait de franchir la frontière entre la Pologne et la région allemande de la Saxe. Une trentaine de migrants se trouvaient à bord du véhicule.
>> À (re)lire : De la Biélorussie à l’Allemagne, des migrants épuisés par leur voyage
Les raisons de la mort de Baxtyar Anwar n’ont pas encore été déterminées. Selon la justice allemande, l’autopsie n’a pas permis de connaître la cause du décès. Des examens plus approfondis doivent encore être menés, a expliqué un porte parole du procureur général de Francfort-sur-l’Oder.
Les six autres migrants présents lors de l’arrivée de la police sont actuellement recherchés. Ils ont été appelés à se présenter comme témoins, d’après le procureur.
En Irak, dans le camp de Barika, la mort de Baxtyar Anwar a provoqué une immense tristesse, notamment auprès des jeunes. « Les gens ont été très choqués et attristés par sa mort. Tout le camp a porté du noir », témoigne Aras Mohammad, l’un des meilleurs amis de Baxtyar, dans une interview à Rudaw. « Baxtyar était un jeune homme très apprécié dans notre camp ».
ET AUSSI
- En Hongrie, sept morts dans l’accident d’une voiture qui transportait des migrants
- Une petite fille de 10 ans meurt noyée dans la rivière frontière entre la Croatie et la Slovénie
- Un nouveau corps retrouvé par des soldats polonais près de la frontière avec la Biélorussie
- « Des migrants menacent de jeter des bébés » dans la Manche : les propos de Darmanin ulcèrent les associations
Source: https://www.infomigrants.net