Près de 750 personnes secourues au large de la Tunisie, en quatre jours
Entre vendredi et mardi, les autorités tunisiennes ont intercepté 748 migrants, qui projetaient de rejoindre l’Europe en traversant la Méditerranée. Parmi les candidats à l’exil se trouvaient des Tunisiens, des personnes originaires d’Afrique subsaharienne et des Égyptiens.
Les tentatives de traversée de la Méditerranée se multiplient ces derniers jours. Au total, 748 personnes ont été secourues en mer ou interceptées par les autorités tunisiennes maritimes et militaires, entre le vendredi 12 et le mardi 16 août, via 51 tentatives d’émigration différentes.
Dans la nuit de lundi à mardi, la garde nationale a annoncé dans un communiqué avoir empêché « cinq franchissements des frontières maritimes et le sauvetage de 80 personnes », dont 35 migrants originaires de pays d’Afrique subsaharienne, les autres étant des Tunisiens.
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Par ailleurs, des « opérations préventives » ont été menées sur les côtes de Menzel Temime – dans le nord du pays – de Mahdia, sur l’archipel de Kerkennah dans le centre, et près de Zarzis, au sud. Elles ont conduit à l’interpellation de 11 personnes, dont la nationalité n’a pas été révélée, qui préparaient un départ, selon la garde nationale.
Au cours de ces opérations, la garde nationale dit avoir saisi « une somme d’argent » sans en préciser le montant, un canot pneumatique et des pompes à air.
Dans la seule nuit de dimanche à lundi également, « des unités de la garde maritime du nord, du centre, et de la côte sud ont réussi à contrecarrer 10 tentatives de franchissement de la frontière (maritime vers l’Italie, ndlr) et secouru 156 personnes », a indiqué la Garde nationale dans un communiqué. Parmi ces 156 migrants, les autorités ont identifié 102 ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne, les 54 autres étant des Tunisiens.
La nuit précédente, la garde nationale a dit avoir « déjoué 11 tentatives d’émigration de 219 migrants depuis les côtes du centre et du sud du pays », dont 113 ressortissants d’Afrique subsaharienne et l’autre moitié de Tunisiens. Les autorités ont indiqué avoir saisi 12 moteurs et sept bateaux, sans préciser dans quel état étaient ces embarcations.
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Par ailleurs, dans la nuit de vendredi à samedi, les forces de l’ordre ont empêché la tentative de départ, depuis Hammamet, d’une famille de 15 personnes, originaire de Kairouan, dans le centre du pays, dont cinq femmes et quatre enfants en bas âge. Selon une source sécuritaire interrogée lundi par la radio Mosaïque FM, les membres de la famille avaient déboursé environ 50 000 dinars (15 000 euros) pour se procurer un bateau, deux moteurs et des gilets de sauvetage.
Au même moment, la garde nationale a dit avoir intercepté 225 migrants lors de 23 tentatives menées depuis différents points du littoral tunisien, sans préciser l’origine de ces candidats à l’émigration.
« Une augmentation spectaculaire » des exilés égyptiens
De son côté, la marine militaire a « porté secours à 42 Égyptiens », dimanche, devant l’archipel de Kerkennah, dans le centre-est, partis la nuit précédente des côtes libyennes, a indiqué à l’AFP Mohamed Zekri, porte-parole du ministère de la Défense. Après le naufrage de leur embarcation, ils s’étaient réfugiés sur une plateforme pétrolière au sud-est de l’archipel.

Depuis le début de l’année, les départs en mer de ressortissants égyptiens sont nombreux. Entre le 1er janvier et le 12 août, sur les 45 664 personnes arrivées en Italie de cette manière, 8 821 étaient égyptiennes, contre 2 532 pour la même période en 2021. Il s’agit de la deuxième nationalité la plus représentée parmi les arrivants, derrière les Tunisiens.
Parmi les causes qui expliquent cette « augmentation spectaculaire », des mots même de la Commission européenne dans une note interne consultée par le média Euro Observer : une grave crise économique dont Le Caire peine à s’extirper, et qui pousse les jeunes Égyptiens, désespérés par le manque de perspectives, à fuir coûte que coûte.
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À l’instar des Tunisiens, dont le pays compte désormais quatre millions de pauvres. Le départ en mer, le 6 août dernier, du gardien de but du Club Sportif Sfaxien Mohamed Ali Chelbi a fait la Une des journaux en Tunisie, et a rappelé que la précarité touchait de larges parts de la population.
Selon l’agence européenne Frontex, la route de la Méditerranée centrale a été empruntée par plus de 42 500 migrants entre janvier et juillet, soit une hausse de 44 % par rapport aux sept premiers mois de 2021. Si une partie des candidats à l’exil arrive à destination, d’autres ne survivent pas à cette dangereuse traversée. Le 9 août, quatre enfants, trois femmes et un homme sont décédés dans le naufrage de leur embarcation au large de l’archipel tunisien des Kerkennah. Tous étaient de nationalité tunisienne.
Source : http://www.infomigrants.net