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Le Sénégal rapatrie 76 ressortissants de Tunisie et de Libye après les propos haineux de Kaïs Saïed

Près d’un mois après le discours du président tunisien hostile aux migrants subsahariens, Dakar a organisé un vol de retour pour 76 ressortissants installés en Tunisie et en Libye, a indiqué le gouvernement vendredi. Les autorités sénégalaises n’ont pas précisé pourquoi des Sénégalais de Libye étaient concernés par ces retours.

Après, la Guinée, le Mali, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, le Sénégal a rapatrié 76 de ses ressortissants depuis la Tunisie et la Libye, ont indiqué, vendredi 17 mars, les autorités sénégalaises.

Le 21 février dernier, le président tunisien Kaïs Saïed s’en est violemment pris aux migrants subsahariens présents dans le pays, accusant de prétendues « hordes de migrants clandestins » d’être source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables », et insistant sur « la nécessité de mettre rapidement fin » à cette immigration.

Il a en outre soutenu que cette immigration clandestine relevait d’une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie », afin de la transformer en un pays « africain seulement » et estomper son caractère « arabo-musulman ».

>> À (re)lire : Tunisie : pourquoi le président Kaïs Saïed s’en prend-il aux migrants subsahariens ?

À la suite de ces propos, quelque 21 000 immigrés subsahariens installés en Tunisie ont perdu leur emploi et leur domicile. De nombreuses personnes ont également rapporté avoir été arrêtées par la police, ou encore violentées et insultées dans la rue.

Face à ces événements, des milliers d’Africains vivant en Tunisie se sont rapprochés de leurs ambassades pour obtenir de l’aide. Le gouvernement sénégalais a ouvert une cellule de crise et a mis en place un registre des personnes souhaitant rentrer dans leur pays d’origine. Jeudi, 76 personnes, sur les 172 enregistrées en Tunisie et en Libye, ont ainsi été rapatriées à Dakar. Les autorités sénégalaises n’ont pas précisé pourquoi des personnes de Libye avaient été prises en charge en même temps.

« Intérêt commun »

Dakar a adopté une position ambiguë après les propos du président tunisien. Le 4 mars, les autorités ont interdit la tenue d’une manifestation devant l’ambassade tunisienne.

Quelques jours plus tard, le 10 mars, le président Macky Sall déclarait sur Twitter avoir eu « un entretien téléphonique avec le Président Kaïs Saïed ». « Nous avons discuté de questions d’intérêt commun. J’ai apprécié les mesures d’apaisement qu’il a prises dans le contexte de la situation actuelle », a ajouté le chef de l’État sénégalais.

Ce positionnement semble aller à l’encontre des prises de position de certaines associations sénégalaises réunies au sein d’un « collectif des organisations et acteurs de la migration au Sénégal » pour réclamer des sanctions de la communauté internationale après la ligne rouge franchie par Kaïs Saïed.

« Le collectif recommande au président tunisien de prendre de la hauteur, de retirer ses propos, de présenter ses excuses à toute la communauté africaine et de s’engager à respecter et à faire respecter les droits des populations africaines sur son territoire », avait exigé le collectif dans un communiqué.

Sources : infomigrants.net

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