Un naufrage a causé la mort d’une femme et de trois enfants mardi au large de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie. Vingt-et-une personnes, toutes tunisiennes, ont pu être secourues par les garde-côtes. Quelques heures plus tard, c’est un bébé de cinq mois qui a péri noyé au large de l’île italienne de Lampedusa.
Une embarcation a chaviré après son départ, mardi 12 septembre, de la côte de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie, selon le porte-parole du tribunal de la ville, Faouzi Masmoudi. Une femme et trois enfants ont péri noyés dans le naufrage et 21 personnes, toutes tunisiennes, ont pu être secourues par les garde-côtes.
Les départs depuis la Tunisie à destination de l’Italie se sont multipliés cet été, et ont pris encore de l’ampleur ces derniers jours. Pour la seule journée de mardi, plus de 5 000 exilés, répartis sur une centaine de canots, sont arrivés à Lampedusa.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent plusieurs embarcations attendant de pouvoir accoster sur l’île italienne. Sur d’autres vidéos, on voit une équipe de la Croix-Rouge jeter des bouteilles d’eau en direction de dizaines d’exilés regroupés sur l’embarcadère.
Mort d’un bébé au large de Lampedusa
Le seul centre d’accueil de Lampedusa hébergeait mercredi matin près de 7 000 personnes, pour une capacité de 1 000 places. En début de matinée, environ 800 migrants ont été transférés vers la Sicile et les rotations devraient continuer pour permettre de désengorger le hotspot. Le maire de l’île, Filippo Mannino a exhorté le gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni à prendre des « mesures urgentes » pour gérer le flux.

« Nous n’avons jamais rien vu de tel auparavant, avec des dizaines et des dizaines de petits bateaux escortés par des unités de secours devant le port », a-t-il déclaré, réclamant l’intervention de l’armée.
Des scènes chaotiques se sont aussi déroulées en pleine mer. Au petit matin mercredi, un canot de 46 migrants s’est renversé au large de Lampedusa. Selon la presse locale, l’embarcation a chaviré à l’arrivée des garde-côtes. Tous les exilés, tombés à l’eau, ont pu être secourus mais un bébé de cinq mois est mort dans l’accident.
Hausse des arrivées en Italie
Depuis le début de l’année, plus de 116 000 personnes ont débarqué en Italie, d’après les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Le nombre d’arrivées n’a jamais été aussi élevé depuis 2016.
Cette année, la Tunisie est devenue le principal pays de départs des migrants cherchant à traverser la Méditerranée. Parmi eux, les migrants subsahariens se sont multipliés après un discours en février du président tunisien Kaïs Saïed dénonçant l’arrivée de « hordes de migrants » clandestins venus, selon lui, « changer la composition démographique » de son pays. En juillet, beaucoup d’autres ont tenté de partir pour l’Italie après que des centaines d’Africains ont été chassés de Sfax, à la suite de la mort d’un Tunisien le 3 juillet dans une rixe entre migrants et habitants.
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Des milliers d’autres exilés ont été au même moment expulsés par les forces de sécurité vers des zones désertiques et inhabitées aux frontières avec Libye, à l’est, et Algérie, à l’ouest. Au moins 27 personnes sont mortes dans le désert tuniso-libyen, et 73 autres sont portées disparues.
Les Africains subsahariens ne sont pas les seuls à vouloir s’exiler en Europe. Chaque année, des milliers de Tunisiens prennent aussi la mer, pour fuir la crise politique et économique dans le pays.
Mais la route vers l’Europe reste particulièrement meurtrière. Depuis le début de l’année, plus de 2 000 personnes ont péri en Méditerranée centrale en tentant de rejoindre les côtes européennes, selon l’OIM. C’est plus que pour l’ensemble de l’année 2022 où un peu plus de 1 400 exilés sont morts noyés dans ces eaux.
Sources : https://www.infomigrants.net/