En plus d’un hotspot, la ville sicilienne de Pozzallo dispose désormais d’un centre d’hébergement d’un nouveau genre en Italie. Celui-ci prévoit d’accueillir les migrants originaires de ”pays sûrs”, comme la Tunisie, le temps de l’étude de leur demande d’asile. Des exilés qui auront très peu de chances d’obtenir protection en Italie, et qui risquent donc l’expulsion.
Dans la lignée des multiples mesures prises ces derniers jours par Rome concernant l’accueil des migrants sur son sol, un nouveau centre d’hébergement a été inauguré, dimanche 24 septembre. Situé à Pozzallo en Sicile, il accueillera uniquement les exilés provenant de ”pays sûrs”, qui ont donc très peu d’espoir d’obtenir une protection en Italie. Objectif affiché de cette nouvelle structure ? Accélérer le traitement des demandes d’asile et donc les expulsions de ces exilés, et désengorger le hotspot de Lampedusa, à 200 km de là.
Cette petite île italienne de la Méditerranée a fait face ces dernières semaines à de très nombreuses arrivées de migrants. Le 16 septembre, plus de 2 000 personnes s’agglutinaient dans cette structure de premier accueil, d’une capacité initiale de 400 places. Trois jours avant, ils étaient 7 000.
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Des images du nouveau centre de Pozzallo – qui n’est donc ni un centre de rapatriement fermé (CPR) ni un hotspot – filmé par Euronews, montre des préfabriqués blancs, entourés d’une double clôture grillagée. Des caméras de surveillance ont aussi été installées. D’après La Reppublica, il disposera de 84 places exactement pour les demandeurs d’asile originaires de ”pays sûrs”, qui y resteront ”un mois” maximum. Deux-cent seize autres places seront à disposition dans le centre, pour les migrants d’autres origines.
C’est dans cette structure que s’appliquera aussi l’une des toute nouvelle mesure présentée par le gouvernement italien, qui consiste à exiger des demandeurs d’asile en recours le dépôt d’une caution de 5 000 euros, en échange de leur liberté.
Les centres de rétention fermés (CPR) ailleurs dans le pays continuent, eux, de prendre en charge l’hébergement des exilés sous le coup d’une expulsion ”pour irrégularités dans leur dossier, ou ”pour dangerosité avérée”, a précisé le ministre l’Intérieur Matteo Piandesosi, cité par Sky TG24.
Pour Matteo Piantedosi, le centre sicilien est ”un pari” qui sera déployé ailleurs en Italie s’il remplit ses objectifs.
Le maire de Pozzallo, Roberto Ammatuna, a demandé, lui, au gouvernement ”d’investir encore dans l’accueil et la régularisation”, afin que les procédures ”d’installation” ou de ”rapatriement” puissent être effectuées ”rapidement”. Un appel lancé simultanément à ses inquiétudes sur la situation qui prévaut en ce moment même dans le hotspot de Pozzallo, où 500 personnes sont hébergées pour une capacité de 200 places.
Un CPR dans chaque région
La construction du nouveau centre de cette ville portuaire a été rendue possible par le décret Cutro, du nom de la ville au large de laquelle avait eu lieu le terrible naufrage de février 2023. Le texte compile une liste de mesures dont l’objectif final est la diminution des arrivées de migrants en Italie. Il présente par exemple une liste révisée des pays que Rome considère comme ”sûrs”, à savoir la Tunisie, le Nigeria, l’Algérie, le Sénégal, le Maroc, la Côte d’Ivoire ou encore la Gambie.
Pour parvenir à ses fins, Rome envisage également la construction d’un CPR dans chacune des 20 régions du pays. Dix établissements de ce type sont aujourd’hui fonctionnels. Les migrants considérés comme illégaux pourront être maintenus plus longtemps dans ces centres de rétention, puisque la durée maximale de rétention a été portée de 120 à 135 jours.
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De nombreux exilés en provenance des ”pays sûrs”, à l’instar de tous les autres, risquent leur vie en traversant la Méditerranée, à la recherche d’une vie meilleure et d’un refuge en Europe. Ali*, un Marocain rencontré par InfoMigrants à la frontière franco-italienne, a entrepris un dangereux périple depuis Sfax, en Tunisie, pour débarquer à Lampedusa. L’homme de 49 ans a quitté sa famille et ses quatre enfants pour une promesse d’emploi en Espagne. Avant la traversée, ”les passeurs nous ont donné un petit moteur, mais le bateau était cassé, a-t-il expliqué. Nous avons passé 24 heures à écoper l’eau du bateau, et je ne sais pas nager… »
Sources : https://www.infomigrants.net/