Des contrats de travail fantômes à 16 000 euros : en Espagne, un réseau de trafiquants démantelé
Trois membres d’un réseau mafieux, soupçonnés d’avoir escroqué 100 migrants, ont été arrêtés par les autorités espagnoles. Ils demandaient à chaque exilé 16 000 euros, en échange d’un contrat de travail et d’un permis de séjour, dont les victimes, basées au Maroc, ne bénéficiaient jamais.
Coup de filet en Espagne. Un réseau qui facturait 16 000 euros à des migrants pour se rendre dans le pays a été démantelé à Tolède, au sud de Madrid. Ses trois membres ont escroqué 100 exilés, pour un butin total d’un million d’euros.
Le procédé était le suivant : les candidats à l’exil étaient contactés alors qu’ils se trouvaient encore au Maroc. Le réseau leur transmettait des offres d’emploi et leur faisait croire qu’en échange d’argent, ils pouvaient être embauchés et donc bénéficier d’un titre de séjour une fois le poste obtenu.
Les victimes versaient donc la somme de 16 000 euros chacune, croyant pouvoir venir en Espagne travailler dans le secteur de l’agriculture, de manière légale.
Sur place pourtant, aucun poste à la clé, ni régularisation. Les migrants se retrouvaient dans l’impuissance la plus totale.
D’après la presse espagnole, l’enquête reste ouverte et de nouvelles arrestations ne sont pas exclues.
400 euros pour des papiers d’identité
Chaque année, de nombreux ressortissants marocains s’installent en Espagne via un contrat de travail saisonnier qui leur permet de travailler dans les cultures. Cette manne économique est régulièrement exploitée par des trafiquants. En août 2023, 22 personnes soupçonnées de fournir des faux documents d’identité aux migrants travaillant dans le secteur ont été interpellées.
L’enquête, entamée en mars 2022, a révélé que les accusés faisaient payer 400 euros pour chaque document d’identité fourni. Les exilés présentaient alors les cartes de séjour frauduleuses dans différentes zones agricoles situées dans les villes voisines de Tortosa, dans le nord-est de l’Espagne. Ce précieux sésame leur permettait d’obtenir un contrat de travail.
Le groupe criminel disposait d’une logistique importante, permettant de transférer jusqu’à 100 personnes par jour vers les champs de la région de Tortosa. Lors des perquisitions, les policiers ont notamment saisi 30 000 euros en liquide.
Des cabanes de films en plastique
Les champs de fruits et de légumes espagnols sont des lieux où les travailleurs migrants sont très souvent exploités. Dans son tout dernier rapport publié en juin dernier, un groupe d’experts contre la traite d’êtres humains du Conseil de l’Europe (Greta) fustige le quotidien des ces travailleurs agricoles étrangers employés dans les champs de fraises de Huelva, dans le sud de l’Espagne.
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Lors de leur visite dans la région, en juillet 2022, les membres du groupe ont constaté l’existence de 25 « camps informels », dans lesquels vivaient 914 migrants dont 99 femmes. Ces personnes « logent dans des cabanes faites de films en plastique, les mêmes qui sont utilisées pour couvrir les plantations de fraises ». Et d’après l’étude, elles n’ont en aucun cas « accès à l’eau potable, à l’électricité et à des sanitaires ».
Des associations, citées dans le rapport, considèrent que « de nombreux travailleurs migrants du camp sont victimes d’exploitation par le travail et de traite d’êtres humains ». En cause, notamment, des heures travaillées qui dépassent souvent la limite légale, pour un salaire fixé, lui, en dessous du salaire minimum. « Parfois, les travailleurs ne sont même pas payés du tout ».
Sources : https://www.infomigrants.net/