Routes des Canaries : sept corps retrouvés dans un canot à la dérive

Selon l’association Caminando Fronteras, une pirogue avec sept corps à l’intérieur a été retrouvée par les autorités marocaines ce week-end dans l’océan Atlantique. L’embarcation partie de Mauritanie tentait de rejoindre les Canaries espagnoles.
Une embarcation partie de Mauritanie le 7 mars a été secourue ce week-end par les autorités marocaines après avoir passé neuf jours dans l’océan Atlantique, a indiqué Helena Maleno de l’association Caminando Fronteras à InfoMigrants. Sept corps se trouvaient à bord parmi les quelque 180 passagers.
« Je ne sais pas de quoi sont mortes ces personnes », a ajouté la militante en contact avec les familles des victimes. « Peut-être de soif, de maladies… C’est tellement dur de passer neuf jours en mer ». La pirogue prenait la route des Canaries, à plus de 1 000 km de là. Elle a été localisée par les autorités espagnoles – contactées par Caminando Fronteras – qui ont ensuite délégué son sauvetage au royaume chérifien. Parmi les survivants se trouvaient « des femmes et des petits enfants ». Ils ont été ramenés à Dakhla, au sud du Maroc dans le Sahara occidental. Certains ont été transportés à l’hôpital.
Les tragédies s’enchaînent depuis le début de l’année dans l’Atlantique. La semaine dernière, Helena Maleno évoquait déjà la disparition d’au moins 70 migrants dans la même zone. « Des pêcheurs marocains ont vu un canot en détresse loin de la côte, au beau milieu de l’Atlantique. Ils ont secouru 13 personnes, sous la supervision du MRCC (centre de sauvetage maritime) marocain », rapportait la militante. Les 13 rescapés – sur les 85 personnes initialement à bord – ont été déposés à Dakhla. Tous les exilés ont été hospitalisés « dans un état grave ».

Deux mois avant, une cinquantaine de personnes, dont de nombreux Pakistanais, s’étaient déjà noyées après le naufrage de leur embarcation à la mi-janvier. La pirogue avait quitté la Mauritanie le 2 janvier avec 86 personnes à bord, selon la presse espagnole, avant de dériver plusieurs jours dans l’océan Atlantique. « Treize jours de traversée angoissée se sont écoulés sans que personne ne soit secouru », avait écrit l’activiste Helena Maleno, sur son profil X.
D’autres bateaux dérivent encore plus loin, à des milliers de kilomètres des rives africaines. Le 30 janvier, un canot avec à l’intérieur 19 corps en état de décomposition avancée avait été retrouvé par les autorités de Saint-Kitts-et-Nevis, le plus petit État des Caraïbes. Certains victimes étaient originaires du Mali, d’après les documents d’identification retrouvés à bord, ce qui laisse penser que l’embarcation avait quitté les côtes ouest-africaines dans le but de rejoindre les Canaries espagnoles.
En 2024, près de 10 000 personnes ont ainsi perdu la vie ou ont disparu en mer en essayant de gagner les îles espagnoles, contre 6 000 en 2023, selon un rapport publié fin décembre par Caminando Fronteras. Pour l’association, la route des Canaries est ainsi devenue « la plus meurtrière au monde ».
Il faut compter au moins une semaine, plusieurs parfois, en haute mer, pour rejoindre les rives espagnoles des Canaries, distantes de 1 000 à 2 000 km depuis le Sénégal ou la Mauritanie.
Beaucoup de pirogues se perdent dans l’immensité de l’océan. Les vents violents et les forts courants rendent la traversée très risquée, et peut faire dériver les canots surchargés et en mauvais état. De nombreux témoignages rapportent des voyages cauchemardesques soumis aux aléas météorologiques, aux avaries de moteur, à la soif et à la faim.
Sources: infomigrants
