Avec notre envoyée spéciale à Tunis, Charlotte Cosset
Dans le quartier de Bab Souika, à Tunis, il n’y a pas besoin de chercher longtemps pour trouver des jeunes qui pensent à quitter le pays. Maher, 25 ans, habite ces faubourgs de la Medina et n’a que cette idée en tête : « Évidemment, j’aimerais bien immigrer pour améliorer ma situation, comme tout le monde ici. Les gens veulent partir, de n’importe quelle manière, même clandestinement. »
Maher n’a pas peur de prendre la mer, malgré les dangers. « C’est quoi le problème ? Si je meurs dans la mer, ça ne me dérange pas. De toute façon, c’est comme vivre ici. Ça ne ferait pas de différence. Si Dieu le décide ainsi, je mourrais. »
Un avenir pour sa fille
Ils sont très nombreux dans ce cas. Le phénomène s’amplifie selon les organisations locales des droits des migrants. La crise économique accentuée par la pandémie de Covid-19 n’a pas fait baisser les velléités de départ. « Les jeunes de mon quartier sont tous partis. Il y a ceux qui sont arrivés et d’autres qui sont morts », explique encore Maher.
Le jeune homme est grand, le teint sombre, des tatouages sur les jambes. Il n’a pas de diplôme et ne trouve pas de travail. Divorcé faute de pouvoir alimenter son foyer, il souhaite une vie meilleure pour sa fille.
« Moi-même si j’avais un garçon, je l’enverrais à l’étranger parce qu’ici c’est comme être en prison. Ma fille, si je vois qu’il n’y a pas d’avenir pour elle, je la ferais partir clandestinement. Et s’il le faut, je l’accompagnerais dans le bateau. »
En juillet, ce sont près de 4 000 migrants partis de Tunisie qui sont arrivés sur les côtes italiennes.
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source : https://www.infomigrants.net/fr