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« On est une grande famille » : en Côte d’Ivoire, des associations aident les migrants de retour à « se reconstruire »

Après un exil trop difficile ou plusieurs tentatives avortées, certains migrants ivoiriens font le choix de rentrer chez eux. Mais ce retour mêlé d’échec, de honte et de précarité financière, est pour beaucoup très difficile à affronter. Pour les aider, ils peuvent compter sur différentes associations basées dans la capitale Abidjan.

Après un an et demi d’exil, Boniface est rentré en Côte d’Ivoire en décembre 2017. Son année en Tunisie, où il a usé sa santé sur des chantiers de construction, l’a épuisé. Son arrestation violente, l’année suivante, et deux séjours dans des prisons en Libye, traumatisé. « C’était pas simple », commente-t-il sobrement.  

Dans son quartier de Yopongon, à Abidjan, les candidats au départ sont nombreux. Depuis une petite dizaine d’années, le nombre d’Ivoiriens qui s’engagent sur la route de l’exil pour l’Europe est en augmentation. De 3 800 personnes en 2000, ils étaient près de 13 500 en 2019, d’après l’OCDE. Cette année, les ressortissants ivoiriens représentent d’ailleurs la 6e nationalité chez les migrants débarqués en Italie, derrière l’Afghanistan. Depuis le 1er janvier 2022, 4 825 Ivoiriens sont arrivés dans le pays par la mer, sur 97 236 personnes.

Parmi ceux qui choisissent de tout quitter pour une vie meilleure ailleurs, ils sont nombreux, contraints ou non, à faire demi-tour. Pour beaucoup, ce retour est douloureux. Boniface avoue avoir eu « des moments de profond désespoir » lorsqu’il est rentré en Côte d’Ivoire. « J’avais des regrets plein la tête. Je n’arrêtais pas de me demander pourquoi est-ce que j’étais parti, comme ça. Et puis, surtout, je devais tout reprendre à zéro. »

Boniface lors d'une présentation des activités de son association, à Abidjan. Crédit : DR
Boniface lors d’une présentation des activités de son association, à Abidjan. Crédit : DR

Parce qu’il connaît ce désarroi et cette solitude commune à beaucoup de migrants de retour, il a voulu agir. Dans un premier temps, en participant à l’initiative « Migrants comme messagers » pilotée par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Puis en créant, en août 2021, l’Association pour la réinsertion des migrants de retour en Côte d’Ivoire (Arm-ci).

« L’objectif, c’est d’aider les anciens exilés à réintégrer le tissu social, explique-t-il. D’abord en leur permettant de gagner leur indépendance financière, car beaucoup de migrants de retour doivent rembourser des personnes qui leur ont prêté de l’argent pour leur voyage. Ruinés, ils se terrent alors chez des amis et vivent comme des fugitifs ». Pour les aider à retrouver du travail, Arm-Ci – en collaboration parfois avec l’Agence Emploi Jeunes d’Abidjan – accompagne ces personnes dans la construction d’un projet professionnel. « On fait un petit bilan de leurs compétences et on les guide ensuite vers les structures compétentes ou les organisations qui peuvent financer leur projet. Si un jeune a des capacités en mécanique par exemple, avec nos réseaux, on peut le diriger vers un garage qui va l’employer ».

Sources : www.infomigrants.net

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