Des centaines de migrants ont tenté de traverser la Manche pour atteindre le Royaume-Uni ce week-end, à la faveur d’une météo favorable aux départs. Plus de 600 exilés ont atteint les côtes anglaises tandis que plus de 200 autres ont été secourus côté français.
Nombreuses tentatives de traversées de la Manche ce week-end. Plus de 200 migrants ont été secourus en l’espace de 24 heures samedi 11 et dimanche 12 novembre, alors qu’ils tentaient de gagner l’Angleterre par la mer à la faveur d’une fenêtre météo un peu plus favorable, selon un décompte de la préfecture de la Manche et de la mer du Nord (Prémar). Par ailleurs, 615 migrants ont réussi à atteindre les côtes britanniques ce dimanche, selon le journaliste britannique de la BBC Simon Jones.
Parmi les personnes secourues figurent deux exilés qui dérivaient au large de Calais dimanche matin dans un petit canot, précise la Prémar dans un communiqué diffusé dans la nuit de dimanche à lundi.
Au cours d’une autre opération, dans la nuit de samedi à dimanche, l’équipage d’un navire de sauvetage affrété par l’État a secouru 60 migrants. Parmi eux, « un naufragé s’est évanoui, en état d’hypothermie », indique encore la communiqué.
Certains migrants ont refusé d’être secourus
En milieu de journée dimanche, le même navire a secouru 21 personnes sur une autre embarcation en difficulté. « Mais lors de cette opération de sauvetage, certains migrants ont réussi à remettre le moteur en marche et ont refusé d’être secourus par des moyens français », précise le communiqué.
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« Compte tenu des risques encourus par les migrants en cas d’actions contraignantes pour les obliger à embarquer sur les moyens de sauvetage de l’État (chute à la mer, choc thermique, trauma divers), il a été décidé de les laisser poursuivre leur route. » Un autre navire a été chargé d’assurer la surveillance de cette embarcation. Au cours d’autres opérations, deux groupes de 15 migrants, un de 21 et un autre de 67 ont également été secourus.
Des crues importantes dans le Pas-de-Calais
Le Pas-de-Calais connait depuis une dizaine de jours de fortes intempéries à l’origine de crues très importantes. Le week-end a été marqué par une accalmie avant de nouvelles pluies. « La situation est catastrophique, comme vous pouvez l’imaginer. Depuis le passage de la tempête Ciaran, et les récentes précipitations, on ne reçoit que des appels de gens en détresse cherchant à être mis à l’abri », expliquait vendredi Fabien, coordinateur d’Utopia 56 dans le Nord, joint par InfoMigrants.
Pour protéger la population de la tempête, les préfectures du Nord et du Pas-de-Calais avaient effectivement ouvert des dispositifs temporaires de mise à l’abri. Mais un grand nombre d’exilés avaient quand même été laissés sans solution sur les campements, faute de places et d’anticipation, estiment les associations de terrain.
Face à cette situation inédite, une partie des migrants a probablement profité de l’accalmie de ce week-end pour tenter la traversée de la Manche, malgré des températures en baisse. Les précipitations devraient reprendre en ce début de semaine, laissant craindre de nouvelles inondations de campements. Ce lundi après-midi, quatre cours d’eau du Pas-de-Calais étaient en encore vigilance orange selon Vigicrues.
Des bateaux de plus en plus chargés vers le Royaume-Uni
Près de 45 000 traversées illégales de la Manche ont été enregistrées en 2022, un chiffre jamais atteint, malgré le renforcement des patrouilles de police et gendarmes sur la côte d’Opale. En novembre 2022, la France et le Royaume-Uni ont conclu un nouvel accord à hauteur de 500 millions d’euros sur quatre ans, pour endiguer l’immigration illégale. Un nouveau centre de rétention devrait également voir le jour à Dunkerque d’ici 2027, selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
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Mais malgré ces mesures, les forces de l’ordre peinent à freiner les tentatives de traversées. De leur côté, les passeurs rivalisent d’ingéniosité pour contourner la police, notamment en utilisant des « taxis-boats » qui récupèrent les migrants directement en mer, au lieu d’enterrer les canots pneumatiques sur les plages, ce qui permet d’éviter les interceptions par la police. « Ces réseaux (…) connaissent nos techniques de balisage, les filatures, les vidéo-surveillances, etc. Ils ont une très grande adaptabilité et savent déjouer nos investigations », expliquait en août dernier à InfoMigrants Xavier Delrieu, le chef de l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (OLTIM).
À la fin de l’été, la préfecture des Hauts-de-France notait que le nombre moyen de passagers par embarcation utilisée pour ces dangereuses traversées ne cessait de croître, avec « en moyenne 53 personnes par embarcation, soit un quasi doublement depuis 2021 ». Le commissaire divisionnaire Xavier Delrieu estimait quant à lui que « le phénomène des traversées dans la Manche sera [cette année] plus contenu que l’année dernière ». Début novembre, près de 25 000 traversées illégales avaient été enregistrées dans la Manche, contre 40 000 à la même époque en 2022, soit une baisse de 37,5%.
Sources : https://www.infomigrants.net/