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Cinq corps flottant repérés en mer Méditerranée par l’ONG Sea-Watch

L’ONG Sea-Watch a repéré cinq corps flottant en mer Méditerranée, mercredi, grâce à leur avion de reconnaissance. Ces macabres découvertes illustrent bien les dangers de cette route migratoire et l’existence des « naufrages invisibles », ces embarcations qui coulent sans être répertoriées.

La scène s’est déroulée mercredi 25 juin, au large de la Libye, dans les eaux internationales. Le SeaBird, l’avion de reconnaissance de l’ONG allemande Sea-Watch qui survole la SAR zone (zone de détresse et de sauvetage) pour venir en aide aux embarcations de migrants, repère des corps à la surface de l’eau. Ils flottent les bras en croix.

« […] L’équipage de notre avion de surveillance a repéré trois corps […] Lors d’un deuxième vol, nous en avons découvert deux autres », détaille Sea-Watch sur son compte X. Un patrouilleur libyen se trouve non loin des dépouilles, il est alerté de la présence des corps par Sea-Watch mais ne répond pas à ses appels, affirme l’ONG allemande. « À notre connaissance, les corps n’ont pas été récupérés », regrette-t-elle.

Que s’est-il passé ? Difficile de savoir avec certitude. « Nous supposons qu’ils ont été victimes d’un naufrage invisible. Comment les mots peuvent-ils rendre compte de tels incidents ? », peut-on encore lire sur X. L’ONG craint aussi que d’autres corps ne se trouvent encore dans la zone. « L’UE [Union européenne, ndlr] doit lancer d’urgence une vaste opération de recherche et de récupération pour récupérer et identifier les défunts et informer leurs familles », tonne Sea-Watch dans un communiqué. « La Méditerranée continue d’être un charnier ».

25 000 morts en Méditerranée centrale en dix ans

Les drames de ce type sont fréquents en mer Méditerranée, l’une des routes migratoires les plus meurtrières au monde, empruntée par des milliers de migrants pour rejoindre l’Europe. En cause : la qualité « désastreuse » des embarcations – en bois, en plastique, en fibre de verre – fournies par les passeurs, ou encore les intempéries en haute mer. Ainsi, de nombreux canots font naufrage et coulent sans laisser de traces.

Parfois des corps, comme ceux découverts par Sea Watch, sont repérés en pleine mer et constituent des preuves d’un drame passé. Parfois encore, des alertes sont lancées par des canots en détresse, mais le temps que les secours arrivent, le canot a disparu. Si le drame est répertorié, impossible de savoir avec certitude combien de personnes se trouvaient à bord. Il existe enfin des naufrages complètement invisibles qui coulent sans laisser de témoins – et qui ne sont donc pas comptabilisés dans les chiffres officiels.

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Depuis 10 ans, plus de 25 000 personnes sont décédées ou ont disparu en Méditerranée centrale, d’après l’Organisation internationales des migrations (OIM). Mais combien d’autres n’ont pas été enregistrés ? Les ONG disent parfois rencontrer des canots vides en patrouillant en mer. Que sont devenus les passagers ? Ont-ils été interceptés par les gardes-côtes libyens ? Sont-ils morts ? « Nous savons que les chiffres [de l’OIM] sont très sous-estimés […] Nombre d’embarcations disparaissent sans que les corps ne réapparaissent, ce qui rend le compte très compliqué », reconnaît l’ONG SOS Méditerranée, contactée par InfoMigrants.

Mêmes drames sur la route des Canaries

Reste que ces naufrages invisibles ne concernent pas seulement la Méditerranée. De nombreuses pirogues parties des côtes ouest-africaines pour rejoindre les Canaries dérivent, se perdent dans l’immensité de l’océan, et font naufrage loin des yeux des gardes-côtes ou des secours. L’ONG espagnole Caminando Fronteras tentent de recenser toutes ces victimes invisibles en recoupant les témoignages des familles qui cherchent leurs proches. Ainsi, selon l’association, au moins 9 757 exilés sont morts sur les routes migratoires menant à l’Espagne en 2024. L’OIM, elle, en a comptabilisé neuf fois moins (environ 1 000), cette année-là.

« Ce chemin en plein océan [atlantique] est très dangereux, c’est donc probable qu’il y ait beaucoup de naufrages dont personne n’entend parler. [Ce nombre de] morts ou disparus, c’est une estimation, un chiffre par défaut, avait expliqué à InfoMigrants Flavio di Giacomo, un des porte-parole de l’OIM, en 2023. Mais il y a sûrement plus de morts que ce que révèlent nos statistiques ».

En Tunisie, les autorités embarquent le corps sans vie d'un migrant échoué sur la plage. Le 28 avril 2023. Crédit : Reuters
En Tunisie, les autorités embarquent le corps sans vie d’un migrant échoué sur la plage. Le 28 avril 2023. Crédit : Reuters

De nombreux corps sont aussi rejetés sur les côtes nord-africaines, mais aussi européenne. La semaine dernière, les autorités espagnoles ont ouvert une enquête après la découverte de cinq corps de migrants les mains et les pieds liés au large des îles Baléares, a rapporté la Garde civile.

En Tunisie, même découverte. Selon le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), une association qui vient en aide aux migrants dans le pays, des « dizaines de corps » ont été retrouvés mi-juin sur des plages de Mahdia et Sfax, dans le centre-est de la Tunisie.

Parfois, les corps sont retrouvés à des milliers de kilomètres de leur destination finale. Les restes de 11 cadavres ont été retrouvés en mai 2025 sur la côte de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, aux Caraïbes, par la police locale. La découverte de passeports maliens laisse penser à une embarcation de migrants qui aurait dérivé dans l’Atlantique en tentant de rejoindre l’archipel espagnol des Canaries.

Pour rappel, l’Union européenne (UE) ne dispose pas d’une force de secours commune, au grand dam des ONG. Seule la société civile est présente en mer Méditerranée pour sauver les migrants qui font naufrage sur leurs embarcations vétustes. L’agence européenne des gardes-côtes, Frontex, est bien présente en mer, mais leur rôle premier est de protéger les frontières européennes – pas de porter assistance aux embarcations en mer.

Sources: infomigrants

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